ft. Shanks le roux - One Piece
Ne restent que les
souvenirs.
Les souvenirs de ton air au matin, de tes paupières encore à demi-endormies, et de tes cheveux en bataille qui rayonnent autour de ton visage. Les odeurs de thé qui se mêlent à celle du café trop chaud et de la brioche que l’on fait griller. Le chien qui vient remuer dans vos jambes et la queue qui balaie les bibelots. Le son de ton rire, et celui de ta voix qui chantonne, celui de tes pas qui dansent et des siens qui viennent parfois l’accompagner, bien moins adroits. L’odeur de tes fleurs qui embaument les allées de votre petite maison de pierres brossées et de poutres apparentes.
Ne restent que des
souvenirs.
Et quelques
photographies qui ornent la cheminée.
Sur les photos, on se tient par la main, maladroits mais
amoureux. On est jeune, on a à peine plus de vingt ans, on a l’air encore un peu enfants, et la vie devant nous. Non, jamais ces deux-là ne seront un couple comme les autres - on le sait par avance, c'est écrit dans celui qu’il est, gamin sans parent à proprement parlé, sans descendance possible, mais qu'en avons-nous à faire ? On s’aime, c'est le plus important, un peu comme au premier jour lorsque tu es arrivée, perdue à son atelier. Toute jeune du village, tu ne lui parles que peu de ta vie d’avant, mais il n’ose n’en capter que les blancs que tu laisses dans ta narration décousue. Il n'a jamais connu la terre, ne ressent pas le besoin d'y aller, mais il voyage pourtant au fil de tes récits, le regard suspendu à tes lèvres. Il t'accompagnerait partout où tu le souhaites, au bout du monde et
même au-delà s'il y en avait un.
Tu le fais se sentir indéfiniment jeune, un peu comme l’adolescent boutonneux qu’il était, encore apprenti à la forge, lorsque tu es venue lui parler en premier. Il se souvient qu’il t’a porté sur son dos, rire aux lèvres, en remontant l’allée de cette petite maison à retaper que vous aviez achetée, bien des années après. Non, en ta présence il n’est plus l’enfant de cette lignée maudite, un parmi tant d'autres, et des générations qui se succèdent.
Il dira à qui veut l’entendre qu’avant toi,
rien n’existait,
et qu’après il n’y aura plus
rien d’autre.
❥❥❥❥❥Dès qu’il rentre dans la forêt, il a le malheur d’en revenir amoché.
C’est ce qu’il s’était passé, à l'âge de ses six, où on l’avait retrouvé après une demie-journée. Perdu à l’orée des bois, plus amoché qu’en bonne santé, bras cassé et défiguré. Il s’était évanoui là, n’avait pas voulu rentrer plus tôt -
on va me disputer, qu’il disait. Et il ne racontait rien de ce qu’il avait fait, secret honteux et inavouable. Mais à toi, à toi il l’avait dit, avoué à demi-mots et dieu que tu avais ri. Tu avais ri et il s’était vexé, ridicule encore comme l’enfant qu’il était. Il t’en avait voulu, pas bien longtemps il faut avouer - parce qu’il ne t’en veut jamais longtemps, il n’y arrive pas, ce n’est pas dans ses cordes.
Il pourrait te dire que tes défauts, il les connaît par cœur. Que tu es parfois un peu trop fatigante, ou un peu trop directe, que tu es parfois un peu trop
toi, mais c’est aussi ce qui l’a charmé.
La maladie, elle ne t’a pas empêché d’être
magnifique. Magnifique dans ton corps, magnifique dans tes airs et tes allures, dans ce sourire doux-amer qui traverse tes traits. Tu ne danses plus avec lui dans le salon, alors il danse encore maladroitement pour toi. Tu as à peine la force de te lever du lit ou du canapé, il te tient le bras quand tu marches, embrasse doucement tes paupières. Il y lit de la tristesse pourtant, mais tu fais semblant de ne pas l’être, alors il fait semblant de ne pas la voir. Mais on sait où elle nous mène, cette maladie, peu à peu et lentement, vers une fin que l’on attendait pas si tôt, trop tôt, bien trop tôt. Il s’y refuse, il faut avouer. Ça le dépasse, le concept de mort et le reste, et puis te perdre ? Non, hors-de-question, voilà bien un deuil qu’il ne supporterait pas. Sans toi, il ne peut pas vivre - survivre tout au plus ou tout au moins, il ne parvient pas à le concevoir. Il voudrait te l’offrir, t’offrir la vie que tu as tant mérité et qui s’enfuit trop tôt, trop vite.
Alors il est retourné dans la forêt, à espérer y croiser ce génie. Vraiment, une famille comme la sienne, on pourrait croire qu’il l’aurait craint tout au mieux, haït tout au pire. Mais Konnor lui a toujours semblé quelque peu distant, comme une chose que l’on voit mais que l’on ne peut saisir. Il sait, il connaît pourtant ses pouvoirs qui semblent infinis, comment ne pourrait-il pas les connaître ? Il se dit bien que c’est la meilleure personne ici, la seule qui pourrait sauver ta vie.
Alors il en fait le vœu. La demande, la supplique.
Qu’importe une partie de lui, ta vie a bien plus de
prix.
❥❥❥❥❥C’était il y a douze mois environ, anniversaire bien triste s’il en est un.
Car si seulement il ne s’agissait que de son bras.
On l’a retrouvé une fois nouvelle, errant à l’orée de la forêt, et son air un peu perdu sur les traits. La douleur ? Non, pas de douleur. Ou si, c’était brûlant, le haut de son bras. A vriller l’esprit, et la panique aussi. Il s’y attendait sans s’y attendre, Konnor a bien fait les choses, c’est propre, sans cicatrice, juste un
trou béant. La douleur, ce n’était pas le génie - c’était ce qui manquait, ce qui ne serait plus, c’était là sans l’être, il n’a pas de suite réalisé. Il avait les paroles confuses et les mots embrouillés. Lorsqu’il a compris, lorsqu’il a vu de quoi il en retournait, il s’est tout simplement laissé aller, laissé tomber là sur le sol frais de la forêt.
Tu vas aller mieux, tu verras.
Ce n’était que passager.
Tu es guérie. Guérie.Regarde. Regarde.
Une bague, c’est pour.
Enfin, j’avais pensé que.
Tulipe. Tulipe ?*
Tu vas aller mieux.
Tu verras.
Il a la main qui tremble lorsqu’il te la montre, cette
bague en argent forgé. Il n’a pas l’habitude de travailler de l’argent, c’est mou, c’est fragile. Pourtant, il l’a faite, pour toi, rien que pour toi si tu le souhaites. Et il regarde dans le fond de tes yeux, l’incompréhension, et les questions. Lorsqu’il comprend, quelque chose se brise, à tout jamais, dans le fond de sa poitrine.
Non. Non, non, non.Tu ne sais plus -qui il est.
❥❥❥❥❥Ne restent que les
souvenirs.
Lorsqu’il se réveille au matin, et qu’il te cherche de son bras sans te trouver, dans ce lit désormais un peu trop vide. Adieu l’odeur du thé et de la brioche, ne reste que le café froid et quelques biscottes. Le chien ne remue plus dans ses jambes, non, désormais il attend au portail pour simplement espérer te voir passer au loin. La maison est silencieuse, il n’y a plus ton rire, ni le son de ta voix, et tu ne danses plus avec lui dans le salon. Tes fleurs se meurent peu à peu dans l’allée, il essaye de s’en occuper mais jamais il ne sera aussi doué que tu l’étais.
Il se morfond désormais, entre les murs en pierre brossée.
Il regarde les
photographies, il n’a pas encore osé les déplacer.
Peut-être espère-t-il, il ne sait pas trop quoi. On lui a dit d’espérer, de ne pas baisser les bras, parce qu’il y avait songé d’un temps. Il y a bien un deuil à faire, il n’y parvient pas vraiment, car ici tout lui rappelle ta présence et ton absence, comme un crève-cœur permanent.
Tu resteras en vie et c’est là ce qui lui importe le plus.
Mais il faut tout de même dire adieu à ce qui fût votre vie à deux.
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Résumé❥ Alistaire voit le jour plus qu’il ne naît, comme tout Hovrath qui se respecte.
❥ Il est élevé par des membres plus âgés de la famille, son enfance est tranquille et sans remous. Si on oublie la fois où sur un coup de tête, il est allé dans la forêt pour monter à un arbre, sans assistance et à l’âge de six ans. Il ressort de cette aventure avec un bras cassé, et une belle cicatrice sur le visage.
❥ Il devient apprenti à la forge à ses quinze ans.
❥ Il rencontre Camomille quelques temps après son arrivée à Phymeris. Il a alors seize ans. Le crush est présent très rapidement, mais il faut avouer qu’il est trop timide pour lui avouer quoi que ce soit.
❥ Ils arrivent pourtant à se mettre ensemble dans le courant de leur vingtaine. Ils filent le parfait amour, et achètent une petite maison style cottage à retaper quelques années plus tard.
❥ Ils coulent leur vie à deux tranquillement, durant plus de quinze ans. Durant ce temps, Camomille tombe malade, une maladie du cœur incurable. Elle s’affaiblit de jour en jour et de semaine en semaine, au grand désespoir d’Alistaire.
❥ Refusant de la voir partir, il décide d’invoquer l’aide de celui qui a pourtant maudit toute sa famille : le génie Konnor Bloom. Ce dernier accepte d’exhausser ce vœu et de guérir Camomille, en contrepartie d’une partie d’Alistaire. Sans hésiter une seconde, il scelle le vœu et perd son bras gauche dans la réalisation de ce dernier.
❥ De retour au village, il demande Camomille en mariage, chose qui le titillait depuis le début de la maladie, profitant de sa guérison. Avant de réaliser qu’elle l’a tout simplement oublié, victime également des contreparties de Konnor.
❥ C’était il y a une année.
❥ Il broie du noir dans sa maison devenue trop vide durant trois long mois, désespéré à l’idée que Camomille l’ait oublié, encore plus à l’idée qu’elle souhaite désormais rentrer sur Terre.
❥ On le pousse pourtant à reprendre sa vie et à se sortir de son apathie. Il a bien dans l’idée d’aider Camomille à recouvrer la mémoire, mais a peur également de se faire rejeter si jamais il se montre trop insistant. S’en reste alors dans une situation d’entre-deux, entre l’envie et la crainte, sans cesse rongé par les souvenirs de leur vie qui ne sera plus jamais la même.