Fukaeri Murakami
ft. GRIS - GRIS
âge 28 ans
nationalité japonaise
pronom elle
orientation hétéro
job bibliothécaire
logement privé
Souvent les doigts tâchés d'encre x Ambidextre, gauchère de naissance x Un anneau d'argent constamment suspendue à son cou x Amatrice de natation et tissu aérien x Fondatrice du club de d'écriture Les proses Phymériques x Cicatrice luminescente bleue au creux de la main, apaisante
caractéristiques
Fukaeri, c'est une brise légère qui caresse vos joues. De la douceur à l'état pur, une chaleur discrète, étincelle qui crépite le long des braises, délicate. Une discrétion muette, entité qui n'ose s'imposer et préfère écouter qu'être au centre de l'attention : une oreille attentive et empathique à la lecture fluide des maux, des mots qui s'entendent et s'interprètent en mille et un sous-textes. Fukaeri, c'est un sourire élégant et des gestes gracieux, des aventures couvertes de petites maladresses et d'étourderies, trop souvent perdue dans sa propre bulle intérieure, c'est le réel qu'elle oublie. Un puits sans fond de connaissances sans queue ni tête, de références aux œuvres d'avant, qui hantent sa tête de belles phrases et d'images mentales dont elle se ravit. Des cheveux courts qu'elle entortille autour de ses doigts lorsqu'elle réfléchit, et des touches de pastel contre sa peau. Une humeur docile, conciliante, si bienveillante qu'elle intimide le plus charismatique des hommes, la plus sauvage des adolescentes. Fukaeri, c'est cette voix passionnée qui peut gazouiller des heures durant pour parler de romans, de littératures, d'art et de philosophie. Un esprit qui gronde à l'intérieur de cette délicate petite tête, en besoin constant d'être stimulé, de percer à jour des questions existentielles, de découvrir de nouveaux horizons, de s'évader à travers le prisme des autres, de se sentir connectée à la vision des auteurs, de ressentir en plongeant dans les syllabes, et de nager dans les élucubrations incessantes de ces personnalités qui ne cessent de refaire le monde. Fukaei, c'est cette mélancolie au fond des yeux, qui éteint parfois les paillettes dorant ses iris, ce mutisme soudain lorsque de ses souvenirs jaillis des fragments du passé. C'est un tout, un banal petit bout de femme, progressant parmi vous.
HISTOIRE
Il n’y a rien de plus réconfortant que l’odeur du bouillon. Le bouillon de légumes d’automnes, l’arôme du potiron qui enrobe le reste et apporte de la douceur, se mariant à l’effluve des patates douces servies tout au long de l’année. Avec le temps, cette odeur s’est imprégnée dans cette petite existence colorée, a fait un nid à l’intérieur de son âme, et désormais, il suffit que l’odeur de ce bouillon tout particulier embaume une pièce, pour qu’elle se sente en sécurité. C’est qu’elle a grandi avec, la petite boule de lumière au sourire radieux ; il ne pouvait en être autrement, quand ses deux parents, après cinq ans, ont décidé que la pièce vacante, dans leur appartement au-dessus de leur petit izakaya, ferait une parfaite chambre d’enfant. Un parfum plus fort que celui de la viande marinée, ou des nouilles fraichement cuite. Pour Fukaeri, il a imprégné les murs, le sol, le plafond, son histoire. Il fallait la voir accourir, dévaler les escaliers, abandonné son bureau, son lit, ses jeux dès que venait l’époque du bouillon d’automne, dès que parvenait à son petit nez le potiron, se glisser dans la salle, grimper sur un tabouret, et attendre, sourire aux lèvres, son petit bol de nouilles, tout spécial, celui avec les poissons rouges, le seul et unique bol à poissons de l’enseigne. Et les dévorer, ces nouilles, avec une assiduité impressionnante, une détermination toute particulière à ne rien laisser, pas même une goutte au fond du récipient, sous les regards attendris, amusés, protecteurs des clients, devenant au fil des ans une annexe à sa famille de sang.
Elle a grandi là-dedans, l’enfant. Dans les rires, les cris, les conversations animés, l’odeur des nouilles, des bouillons, le bruit des baguettes qui claquent, des nouilles qu’on aspire, des bols déposés, entassés, de la vaisselle qu’on nettoie, de la cuisine qui s’active, et de la chaleur, toujours de la chaleur, dans le corps, et dans le cœur. Ce n’est qu’après qu’elle a plongé dans les livres, à l’orée de l’adolescence. Adieu les jeux d’enfants, dans des cartons au fin fond de la réserve, et place aux livres, en quantité astronomique. Partout. Sur les étagères, sur le sol, dans son sac, les escaliers, son lit, la salle du restaurant, colonisés d’ouvrages de toutes sortes. Petite tête passionnée, bien décidée à tout tester pour ne rien manquer, aucune opportunité, aucune fantastique possibilité, elle écume, Fukaeri, la tête dans les écrits, les plumes, les récits, aiguise ses sens, ses préférences, rythme son existence de noms merveilleux, d’essai désastreux, de tentatives ratées, de petites perles oubliées. Son temps oscille, les études, la lecture, l’écriture, les coups de main au rez-de-chaussée, de plus en plus difficile à prodiguer ; papa et maman préférant qu’elle s’occupe de son avenir, plutôt que de s’attarder sur leur présent à eux. Qu’elle sorte, la jeune fille, avec ses amis. Au cinéma, dans le parc, voir des concerts de ces artistes en vogue, qu’importe ! Qu’elle vive sa propre vie, fasse ses propres expériences, avant de venir se cloitrer derrière un comptoir, et de gâcher son innocence.
Mais ici, c’est son foyer. Là où le bouillon l’attend, toujours imprégné, et où les livres s’entassent dans sa tanière. Difficile pour elle de l’abandonner, de sortir de sa bulle, de ne pas s’en soucier. À peine un pied dehors qu’elle rêve d’y retourner, d’enfoncer son nez dans un livre, de pencher son corps sur une feuille à noircir, de se percher sur un tabouret pour observer la salle, ou se tenir derrière un plateau pour servir les commandes. Parce que c’est ça, sa vie, pour le moment, et quand le moment viendra, quand elle sera en âge, elle le quittera peut-être certainement. Ce n’est pas la détermination qui lui manque, elle s’est déjà tracé un chemin ; dès que possible, elle entamera des études de lettres, se consacrera uniquement à ce domaine. Parce qu’elle le sent, dans ses veines, ce sont des métaphores qui coulent, des mots pour illustrer les sentiments, les émotions, les maux du monde, le beau du monde.
La littérature, son grand Amour, l’a conduit loin de chez elle, loin du bouillon. Direction la vie en autonomie solitaire, les heures de travail acharné pour payer un loyer, les courses, de quoi vivre confortablement. Pas bien difficile, quand on est aussi motivée, et puis, la vie de serveuse, le boulot dans les restaurants, elle connait, c’est une seconde nature pour elle, et ses employeurs en sont ravis, il n’y a pas deux employés comme Fukaeri ! Seul point noir à sa vie, à son rêve qu’elle commence à toucher du bout des doigts, se sont ces insomnies qui la prenne de plus en plus souvent, où elle tourne et retour dans son lit, inconfortable dans les draps, étouffer par l’étroitesse de ce chez-soi qu’elle ne reconnait pas. C’est le bouillon, elle le sait, au fond de ces trippes, il manque à son corps, à son être tout entier, et sans ce réconfort, c’est l’anxiété qui s’installe, qui se développe, et lui vole ses danses avec Morphée. Alors elle sort, incapable de rester sans bouger, s’installe dans une superette non loin de chez elle, avec un livre, et le dévore en sirotant une canette de thé. Un nouveau rituel pour leurrer ses habitus, et c’est toute une vie qui décolle du sol, prise dans une tornade sentimentale sans échappatoire.
Lui. Son sourire. Ses blagues. Son tempérament. Douce rivalité pour obtenir la première place dans son cœur, pourrait-il parvenir à détrôner la littérature ? Ils s’aiment comme on apprend à respirer, instantanément, sans même y penser. Tout est naturel avec lui, entre eux, à croire qu’ils ne se sont jamais rencontrés, que leur existence a toujours été liée. Ils s’aiment, comme le soleil s’efface à l’approche de la lune pour la laisser briller de tout son éclat. Ils s’aiment, et c’est beau.
Elle, continue de poursuivre son rêve, lui fait une place dans ses projets, avancent dans son petit rêve éveillé. La passion, l’euphorie, les palpitations dans tout son être l’aident à tenir le rythme. Etudes, travail, vie de couple, lecture, écriture. Insomnies, difficile parfois de ne pas en ressentir le poids, mais elle s’accroche, ils s’accrochent, et tout va bien. Tout ira bien.
En théorie, du moins. Lui, c’est le Mal qui le frappe, le fauche en plein vol, impitoyable. Le déni, qui s’installe, la volonté de ne pas y croire, de s’accrocher à la moindre petite particule d’espoir. Elle s’accroche. Il s’accroche. Mais tout va mal. La chute est grande, tant ils ont volé haut ensemble, si haut, terriblement haut. Lui accepte. Il sourit, encore et toujours, et par tous les moyens, espère la faire sourire, Elle, jusqu’à la fin. Mais c’est le désespoir qui la tient : comment sourire devant une flamme qui s’éteint ? Lui, quand il rend son dernier souffle, c’est son feu à Elle qu’il inonde de larmes.
C’est dans un lit qu’elle s’est réveillée. Etrange, c’est pourtant dans les toilettes de l’hôpital qu’elle s’est précipitée.
Floues, les premières années dans cette nouvelle vie. Mutique aussi, surtout. La léthargie souveraine de ce corps gelé, il lui a fallu du temps pour avancer, secouer les braises, que le feu soit ravivé. Les livres. Ce sont eux qui l’on sauvé. Cette petite bibliothèque dans laquelle elle s’est réfugiée dès qu’elle a trouvé la force de sortir de sa chambre, de marcher. Recroquevillée dans ses ténèbres personnelles, elle s’y est accrochée, fragile, brisée. Sous l’aile du gérant grisonnant, Fukaeri s’est blottie, ce dernier mettant un point d’honneur à la conserver en vie, cette petite femme gracile et sans voix, qui ne communique pas, mais dévore, encore et encore, le moindre livre qui lui passe sous le nez. Petit à petit, à force de douceur, de patience, de chaleur, la glace a fondu, et à force d’acharnement, d’amour, de passion partagée, les braises se sont ravivées.
Aujourd’hui, Fukaeri (sur)vit.
@bluitchoum
derrière l'écran :
C'est votre poto Heather qui m'a traîné ici, 'parait que vous êtes sympathiques. Si c'est vrai on vous invitera peut-être à notre mariage. Faites pas gaffe si je vous sors des refs littéraires obscures, c'est ma spécialité.