Koha Hovrath Nikolai Kinsley Noam Ozkan Ambrogio Leone Zachary Veseli Esteban Castelianos Natalia Hovrath Alistaire Hovrath Harin L. Handal Sid Wieteska Ty Kaneko ABRAHAM MOLNÁR HAZEL ISHIKAWA MIKHAIL VORONIN CAISIDE WHITE Arsene JawoSHAKI SHARPNEDO ALPHÉE NYSTRÖM Corey Sanders Nesaia Loisel Reem Handal
Tu crois qu’on va croiser des poissons ? J’aime trop les poissons, c’est trop marrant je trouve ! Avec leurs grands yeux là ! C’est ma ville j’ai le droit d’être partout, c’est toi qui devait disparaître! J'adore le sirop, parce que c'est super doux et aussi super sucré. Un peu comme toi ! J'aimerais bien mettre plein d'autres bougies mais... j'ai un peu peur que ça prenne feu. Oublie surtout pas de passer le bonjour à ta maman quand t’iras pleurer dans ses jupes. Casse toi, t'auras rien. Je vais te détruire, ok !? Fais chier, qui a mis cette porte là ? Ah ! Évite juste les fours, le feu et… et de t'approcher trop près. S’il te plaît. J'ai toujours pas accroché la pancarte des sardines d'ailleurs. Il faut que je le fasse... J’espère que t’es prêt à slay pour un autre day ! je crois que cet endroit m'a trouvé pour que je puisse tenir la promesse que je t'ai faite. Euh, je... Darling ? C'est un mot tendance chez les jeunes..? Ou vous venez de la terre, alors ?? Même si c’est un rêve, je sais reconnaître un hibou conservateur de musée quand j’en vois un ! Il est parfaitement hors de question que je m’en aille tant que tes lettres seront dans cet état ! Si tu veux trouver une sortie il vaut mieux rester en vie, tu sais. Ne t’enflamme pas trop vite… La soirée ne fait- elle pas que commencer ? Et pourquoi t’es parti aussi tôt avec ton violon dans la forêt ? Tu te souviens, alors. T’as pas vu le maire ? Il est chelou mais c’était pas un rêve. Oh si tu savais ce qu’il y a dans mes rêves... Ce système est bourré de trou qu'on peut facilement combler avec un peu jugeote, et ca tombe bien : je peux t’y aider !
17°Cbruine
Noam OzkanCo-fonda
Reem HandalCo-fonda
Roma HovrathCo-fonda
Koha HovrathModo
13/10/2024 les couleurs d'automne sont arrivées !
Ainsi tomba Thédas
Mar 5 Nov 2024 - 22:41 par Invité
« J'sais pas encore si j't'aime bien ou pas donc... fais gaffe, toi. » ○ [PV: Gio]
Dim 3 Nov 2024 - 20:45 par Shaki Sharpnedo
Fantasy Empires - ft. Lucerys
Sam 2 Nov 2024 - 23:00 par Lucerys Howell
danse macabre ☽ abraham
Sam 2 Nov 2024 - 21:56 par Jolene Oakley
midnight rain ☽ jolene
Sam 2 Nov 2024 - 14:38 par Ty Kaneko
REBOOT - Faire sa rentrée
Ven 1 Nov 2024 - 18:03 par Le Maire
MIRACULOUS' QUEST
Ven 1 Nov 2024 - 17:14 par Invité
PEEK A BOO
Ven 1 Nov 2024 - 16:40 par Invité
ABSENCES
Mar 29 Oct 2024 - 19:48 par Wilhem Schuyler
Fantasy Empires - ft. Lucerys
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Le soleil est déjà haut, lorsque les yeux frémissent. Il y a les rayons qui caressent la peau, filtrés par les cils qui dessinent des arabesques sur les joues rebondies. Il y a la caresse du coton des draps sur sa peau, engourdie de sommeil.
Il est déjà tard et pourtant le sommeil court, dans ses veines alanguies, sous ses paupières fermées. Derrière ses yeux clos, les rêves sont partis depuis longtemps déjà et pourtant Rune dort. Il dort les jambes emmêlées dans ses draps, ses songes emmêlés dans sa tête, des cheveux emmêlés sur sa tête. Il dort, la peau dorée dans le soleil du matin et la brise sur la chair de poule qui se lève de ses soupirs.
Et soudain il se tourne, se tortille. Ses sourcils se froncent, son nez se froisse. Son visage se cache au creux de son coude, là où il fait encore sombre. Mais le sommeil déjà le fuit, et un œil s’ouvre paresseusement, sur la chambre vide et le silence des matins trop avancés.
Pourtant il a prévu aujourd’hui, de se lever. Au bout du couloir, il y a son but - et c'est si loin pourtant si proche. Les secondes s’égrainent alors qu’il papillonne des paupières pour chasser les poussières du sommeil, il s’étire dans un bâillement avant de finalement se déplier. Doucement les bras se lèvent, le ventre s’étire et les articulations craquent. Ses pieds touchent le sol, tendrement, ils épousent le parquet usé de l’auberge et sa tête rejoint les nuages qu’ils ne quittent qu’une fois l’épreuve de la douche brûlante passée.
C’est scintillant et pimpant d’étincelles propres et odorantes, les cheveux chatoyant dans la lumière du matin tardif, rehaussé d’un jean seconde peau taille haute dans lequel est entré une chemise de satin beige et ses éternelles bottines à talonnettes aux pieds qu’il est déjà en train de toquer doucement à la porte.
La porte de Valérien.
La porte de Lucerys.
Ses doigts sont de soie sur le bois, et lorsqu’il peut enfin entrer il se contente de passer la tête pour observer la pièce qu’il connaît presque mieux que sa propre chambre. Celle où il se sent bien. Celle où sont ceux qu’il cherchent, où il espère qu’on l’attend rien qu’un peu.
« Ouhouh ? »
Dans son champ de vision, il n’y a personne, pas même toi. Mais sur le lit de Valérien sont posées bien pliées les affaires qui n’attendent que vous. Dans son sac, tout ce dont vous pourriez avoir besoin.
« Lucerys ? »
Il ne manque plus que toi.
Il est déjà tard et pourtant le sommeil court, dans ses veines alanguies, sous ses paupières fermées. Derrière ses yeux clos, les rêves sont partis depuis longtemps déjà et pourtant Rune dort. Il dort les jambes emmêlées dans ses draps, ses songes emmêlés dans sa tête, des cheveux emmêlés sur sa tête. Il dort, la peau dorée dans le soleil du matin et la brise sur la chair de poule qui se lève de ses soupirs.
Et soudain il se tourne, se tortille. Ses sourcils se froncent, son nez se froisse. Son visage se cache au creux de son coude, là où il fait encore sombre. Mais le sommeil déjà le fuit, et un œil s’ouvre paresseusement, sur la chambre vide et le silence des matins trop avancés.
Pourtant il a prévu aujourd’hui, de se lever. Au bout du couloir, il y a son but - et c'est si loin pourtant si proche. Les secondes s’égrainent alors qu’il papillonne des paupières pour chasser les poussières du sommeil, il s’étire dans un bâillement avant de finalement se déplier. Doucement les bras se lèvent, le ventre s’étire et les articulations craquent. Ses pieds touchent le sol, tendrement, ils épousent le parquet usé de l’auberge et sa tête rejoint les nuages qu’ils ne quittent qu’une fois l’épreuve de la douche brûlante passée.
C’est scintillant et pimpant d’étincelles propres et odorantes, les cheveux chatoyant dans la lumière du matin tardif, rehaussé d’un jean seconde peau taille haute dans lequel est entré une chemise de satin beige et ses éternelles bottines à talonnettes aux pieds qu’il est déjà en train de toquer doucement à la porte.
La porte de Valérien.
La porte de Lucerys.
Ses doigts sont de soie sur le bois, et lorsqu’il peut enfin entrer il se contente de passer la tête pour observer la pièce qu’il connaît presque mieux que sa propre chambre. Celle où il se sent bien. Celle où sont ceux qu’il cherchent, où il espère qu’on l’attend rien qu’un peu.
« Ouhouh ? »
Dans son champ de vision, il n’y a personne, pas même toi. Mais sur le lit de Valérien sont posées bien pliées les affaires qui n’attendent que vous. Dans son sac, tout ce dont vous pourriez avoir besoin.
« Lucerys ? »
Il ne manque plus que toi.
Le matin arrive trop vite
trop lentement à la fois.
La nuit ponctuée d’agitation - le sommeil qui le fuit et il se retourne dans son lit jusqu’à ce qu’il ne tienne plus. Une première balade jusqu’au potager où il tourne en rond vingt bonnes minutes. Quand il revient il parvient à s’endormir, réveillé plus tard par des rêves loufoques. Il est encore trop tôt. Pas assez pour ne pas aller se changer et partir courir. Juste un peu plus tôt que d’ordinaire. Juste un peu plus longtemps, aussi. Quand il rentre, la chambre est vide et des vêtements sont posés sur le lit de Valérien.
Quand il rentre, il s’enferme dans la salle de bain.
L’eau s’écoule sur la peau.
La chaleur délie les muscles noués par l’effort passé
par l’idée de ce qui l’attend.
Il ne sait pas pourquoi il a dit oui. Sûrement parce qu’après que Rune ait trouvé une solution quant à son refus d’abîmer ses fringues, il n’avait pas d’autres arguments. Le blond se serait sûrement contenté d’un “non, j’ai pas envie”, pourtant. Mais Lucerys s’est promis d’essayer. De ne pas constamment l’écorcher.
Et le voilà qui arrive.
Le son du poing sur le battant.
Celui de sa voix qui l'invite à entrer.
Toujours dans la salle de bain. Il est sorti de la douche. Il a rouvert la porte.
La voix. Son prénom.
“Je suis là.”
Pas encore prêt.
Presque.
La peau encore fraîche de la douche à peine quittée. La chemise pas encore boutonnée jusqu'en haut. Perché sur la pointe de ses pieds. Le visage grave de concentration. En train de structurer ses boucles brunes avec le produit offert par Koha - comme si ça servait vraiment à quelque chose vu l'activité prévue aujourd'hui.
Le son des pas qui s'approchent.
Un regard en coin, jeté vers l'encadrement de la porte.
“Bonjour, toi.”
Il rince les mains dans l'eau fraîche.
Retombe à plat sur ses talons - essuie les doigts sur la serviette.
Boutonne le dernier bouton et se tourne vers lui.
“Je suppose que je suis prêt.”
Propre, habillé, pour ça oui, il l'est. Mais à passer la journée dans la nature ? Non, pas vraiment. Il n‘est pas sûr d'avoir déjà fait ça. La seule nature qu'il affrontait à Londres c'était la jungle urbaine quotidienne entre la maison et le studio. Ou l'Opéra, quand il y dansait.
Tu aurais peut-être dû choisir quelqu’un d’autre pour t’accompagner, Rune.
Valérien aurait fait un parfait candidat.
A ses doigts, autour de ses poignets, il y a moins de bijoux. Simplement noué autour de son cou, un ruban de velours noir et à ses oreilles, de l’or liquide. Il a fait simple aujourd’hui et pourtant alors que ses yeux se posent sur les vêtements du jour, sagement posés sur le lit de Valérien, son estomac plonge. Rune n’est qu’une belle enveloppe superficielle, qui s’empêche de grimacer parce que c’était son idée.
C’était son idée de cueillette.
C’était son idée de te le proposer.
C’était son idée de t'entraîner dans ses mauvaises idées.
Alors bien droit dans l'entrebâillement de la porte, il doute soudain. La pomme oscille entre adam et eve, dans sa gorge. Il n’a pas le temps de faire demi-tour, il aurait pu fuir tu sais Lucerys. Il est doué pour fuir. Pourtant ta voix est comme un phare qui le guide, et lui donne le courage de faire les premiers pas à l’intérieur de votre endroit.
Votre endroit.
Votre chambre.
Pas juste la tienne.
Pas juste celle de Valérien.
Alors presque pour ne pas déranger, il s’avance. Tu l’as invité à entrer pourtant, mais il ne te voit pas encore, pas tout à fait. Il se saisit des vêtements pour toi, qu’il laisse de côté et des vêtements pour lui, qu’il renifle doucement. Valérien a l’odeur du quotidien, des jours passés ensemble et des habitudes qui ne s’oublient pas.
Le pantalon est trop grand, à peine trop long, le haut bien moins seyant. Déjà ta voix est là, et il se désintéresse des habits à votre attention. Il se tourne vers toi, vers ta voix et ton visage qu’il ne voit pas.
« Oui. Bonjour, toi. »
Il sourit doucement, te cherche du regard et finit par te trouver. Le regard accroche le tien, tes yeux et ta silhouette. Ton ombre dans la lumière, tes gestes doux en ombres chinoises en impression sur le sol de la salle de bain.
« Hmmm, je le pensais aussi mais. »
Les épaules se haussent, le regard se perd sur les piles de tissu bien pliées. Finalement, il va encore devoir se changer. Toi aussi probablement, Lucerys.
« Je vais devoir me changer, je crois. »
C’était son idée de cueillette.
C’était son idée de te le proposer.
C’était son idée de t'entraîner dans ses mauvaises idées.
Alors bien droit dans l'entrebâillement de la porte, il doute soudain. La pomme oscille entre adam et eve, dans sa gorge. Il n’a pas le temps de faire demi-tour, il aurait pu fuir tu sais Lucerys. Il est doué pour fuir. Pourtant ta voix est comme un phare qui le guide, et lui donne le courage de faire les premiers pas à l’intérieur de votre endroit.
Votre endroit.
Votre chambre.
Pas juste la tienne.
Pas juste celle de Valérien.
Alors presque pour ne pas déranger, il s’avance. Tu l’as invité à entrer pourtant, mais il ne te voit pas encore, pas tout à fait. Il se saisit des vêtements pour toi, qu’il laisse de côté et des vêtements pour lui, qu’il renifle doucement. Valérien a l’odeur du quotidien, des jours passés ensemble et des habitudes qui ne s’oublient pas.
Le pantalon est trop grand, à peine trop long, le haut bien moins seyant. Déjà ta voix est là, et il se désintéresse des habits à votre attention. Il se tourne vers toi, vers ta voix et ton visage qu’il ne voit pas.
« Oui. Bonjour, toi. »
Il sourit doucement, te cherche du regard et finit par te trouver. Le regard accroche le tien, tes yeux et ta silhouette. Ton ombre dans la lumière, tes gestes doux en ombres chinoises en impression sur le sol de la salle de bain.
« Hmmm, je le pensais aussi mais. »
Les épaules se haussent, le regard se perd sur les piles de tissu bien pliées. Finalement, il va encore devoir se changer. Toi aussi probablement, Lucerys.
« Je vais devoir me changer, je crois. »
Aux mots, il rejoint l’encadrement de la porte.
S’y appuie. Comme lors de leur première rencontre.
Regarde Rune. Puis les vêtements qui les attendent.
“J’espérais qu’elles ne soient pas pour nous.”
Bien sûr qu’il savait qu’elles l’étaient.
Mais il avait tenté de se voiler la face - ils n’allaient pas mettre ça ?
C’est lui pourtant qui a posé cette condition. Trouves une solution pour pas que j’abîme mes vêtements et je viens. Peut-être qu’il espérait que Rune ne trouverait pas de solution à ce problème. Qu’il renoncerait quand approcherait le moment. Que lui-même finirait par dire stop mais il ne l’avait pas fait.
Alors ils sont là maintenant. À quelques bouts de tissu de leur aventure. Et Rune qui d’un coup commence à retirer ses fringues comme s’il était tout seul. Oh.
Oh, il se peut que la bouche s’ouvre - se referme sur des mots oubliés
que les yeux traînent un peu trop
un peu trop longtemps
tracent la peau pâle lentement
suivent la courbe de l’épaule
la ligne des côtes
et plus bas encore
le contour des hanches
les cuisses fermes.
Oh, il se peut qu’il oublie de bouger, Lucerys
qu’il oublie que le temps passe
que Rune va finir par se rendre compte
peut-être que c’est déjà le cas
qu’il est en train de le détailler
(oh oui chaque centimètre de lui)
que ses joues rougissent un peu malgré lui et -
Il claque la porte de la salle de bain derrière lui. Ressort immédiatement quand il se rend compte que les vêtements sont restés sur le lit. Traverse la pièce pour les récupérer (sans le regarder) et sa chambre ne lui a jamais parue aussi grande. Il se change rapidement une fois enfermé de nouveau. Défait les boutons de la chemise, la retire. Enfile ce t-shirt trop grand. Le sweat par dessus.
Quant au pantalon…
“Rune.” Appelle sans vraiment y penser. “J’ai un problème.”
Sans rouvrir la porte.
Comme si le risque que Rune soit encore nu était toujours présent.
“Je vais perdre ce pantalon au bout de cent mètres.”
Déverrouille la porte de la salle de bain.
Tu peux entrer, Rune, si tu es décent.
Tes paroles résonnent en écho à ses pensées, sur la même longueur d’onde. Au fil de l’eau. Il laisse ses yeux traîner sur les affaires pliées sur le lit de Valérien. Ce n’est pas se changer le problème, pas pour lui qui se déshabille un peu n’importe où. Ce n’est pas non plus de porter les habits de Valérien, dont il retrouve l’odeur familière et la sensation sur sa peau comme un souvenir. C’est probablement aussi pour ça qu’il a trouvé cette solution très vite, Lucerys. Parce que porter les affaires de Valérien a longtemps été une habitude et un jeu, et qu’à présent c’est la solution toute trouvée.
Pour ne pas te laisser te défiler.
Pour ne pas te laisser te dérober.
Pour ne pas te laisser t’échapper.
Alors sans plus se soucier ni du lieu, ni de la décence pas plus que de ta présence - qu'il sait pourtant très bien être dans la pièce - il retire et abandonne au sol ses propres vêtements. Oh il sait très bien que tu es encore là, et il cache derrière ses cheveux le petit sourire que cela lui tire. Sourire qui s’étire lorsqu’il a l’impression d’être détaillé.
Regardé.
Il n’en est pas vraiment sûr, et ne se retourne pas pour vérifier. Par peur de briser cet instant un peu hors du temps où il a l’impression d’être important. Parce que le temps justement, il veut te le laisser, juste assez pour éviter que tu ne prennes la fuite.
Trop loin.
Là où il ne pourra pas te rattraper.
Juste assez pour que tu ne t’engouffres dans la salle de bain dont la porte claque avant de se rouvrir. Alors seulement il te jette un regard faussement surpris, à toi qui fonce déjà récupérer les vêtements. Il fait semblant de ne pas remarquer la délicieuse couleur cerise de tes joues, pas plus que ta petite séance de regards trainants. Tu sais Lucerys, Rune n’est pas sûr de beaucoup de choses en ce qui le concerne. Il est plein de fausse assurance mais il ne se trouve pas vraiment beau, pas plus qu’il ne se trouve du charme mais ça ne l’empêche jamais d’essayer d’en jouer, pour se rassurer.
Pour s’aimer un tout petit peu.
A travers les yeux des autres.
A travers toi.
Alors son sourire gagne ses yeux, qui brillent d’avoir existé, quelques instants. Et il s’habille enfin, dans le pantalon et le t-shirt de Valérien. Qui glissent sur ses hanches trop étroites et sur ses clavicules trop fines. Qu’il fait tenir comme il peut en glissant le t-shirt dans le pantalon puis en ajustant le tout avec une ceinture serrée au cran maximum.
C’est son prénom dans ta bouche qui lui fait relever le nez de sa tâche, tout concentré qu’il est il n’en reste pas moins extrêmement attentif à toi et aux moindres appels que tu peux prononcer. C’est seulement en quelques pas et quelques secondes qu’il est à ta porte.
« Je peux entrer ? »
Parce que la porte est toujours fermée.
Et parce qu’il ne voudrais pas te surprendre dans une situation qui pourrait être embarrassante pour vous deux, bien qu’assez réjouissante à imaginer à son goût.
Et cette porte il ne la pousse qu’une fois ton accord obtenu, constatant que comme pour lui, les vêtements de Valérien sont bien larges pour toi.
« Oh. Attends, ne bouge pas. »
Il n’hésite pas trop à retirer sa ceinture pour te la passer autour de la taille, sans vraiment se soucier de votre proximité.
« Je devrais juste passer par ma chambre vite fait avant de partir pour en récupérer une pour moi. »
Dans un petit sourire il te fait un clin d'œil, il ne faudrait pas que lui non plus, perde son pantalon en plein milieu du couloir. Ou en plein centre-ville.
Pour ne pas te laisser te défiler.
Pour ne pas te laisser te dérober.
Pour ne pas te laisser t’échapper.
Alors sans plus se soucier ni du lieu, ni de la décence pas plus que de ta présence - qu'il sait pourtant très bien être dans la pièce - il retire et abandonne au sol ses propres vêtements. Oh il sait très bien que tu es encore là, et il cache derrière ses cheveux le petit sourire que cela lui tire. Sourire qui s’étire lorsqu’il a l’impression d’être détaillé.
Regardé.
Il n’en est pas vraiment sûr, et ne se retourne pas pour vérifier. Par peur de briser cet instant un peu hors du temps où il a l’impression d’être important. Parce que le temps justement, il veut te le laisser, juste assez pour éviter que tu ne prennes la fuite.
Trop loin.
Là où il ne pourra pas te rattraper.
Juste assez pour que tu ne t’engouffres dans la salle de bain dont la porte claque avant de se rouvrir. Alors seulement il te jette un regard faussement surpris, à toi qui fonce déjà récupérer les vêtements. Il fait semblant de ne pas remarquer la délicieuse couleur cerise de tes joues, pas plus que ta petite séance de regards trainants. Tu sais Lucerys, Rune n’est pas sûr de beaucoup de choses en ce qui le concerne. Il est plein de fausse assurance mais il ne se trouve pas vraiment beau, pas plus qu’il ne se trouve du charme mais ça ne l’empêche jamais d’essayer d’en jouer, pour se rassurer.
Pour s’aimer un tout petit peu.
A travers les yeux des autres.
A travers toi.
Alors son sourire gagne ses yeux, qui brillent d’avoir existé, quelques instants. Et il s’habille enfin, dans le pantalon et le t-shirt de Valérien. Qui glissent sur ses hanches trop étroites et sur ses clavicules trop fines. Qu’il fait tenir comme il peut en glissant le t-shirt dans le pantalon puis en ajustant le tout avec une ceinture serrée au cran maximum.
C’est son prénom dans ta bouche qui lui fait relever le nez de sa tâche, tout concentré qu’il est il n’en reste pas moins extrêmement attentif à toi et aux moindres appels que tu peux prononcer. C’est seulement en quelques pas et quelques secondes qu’il est à ta porte.
« Je peux entrer ? »
Parce que la porte est toujours fermée.
Et parce qu’il ne voudrais pas te surprendre dans une situation qui pourrait être embarrassante pour vous deux, bien qu’assez réjouissante à imaginer à son goût.
Et cette porte il ne la pousse qu’une fois ton accord obtenu, constatant que comme pour lui, les vêtements de Valérien sont bien larges pour toi.
« Oh. Attends, ne bouge pas. »
Il n’hésite pas trop à retirer sa ceinture pour te la passer autour de la taille, sans vraiment se soucier de votre proximité.
« Je devrais juste passer par ma chambre vite fait avant de partir pour en récupérer une pour moi. »
Dans un petit sourire il te fait un clin d'œil, il ne faudrait pas que lui non plus, perde son pantalon en plein milieu du couloir. Ou en plein centre-ville.
L’appel passé trouve réponse en quelques secondes.
Lucerys entend les pas s’approcher. La voix demander. Alors il abaisse la poignée pour lui montrer. C’est ouvert, Rune, tu peux entrer. Et quand il le fait, le regard gris se lève vers lui. Les mains accrochées au bord du pantalon trop large pour l’empêcher d’atterrir sur ses chevilles. C’est qu’il n’a pas de ceinture, lui. N’en a pas acheté, n’a pas vu l’intérêt puisque ses vêtements sont à sa taille.
Oh tu es malin, Rune.
Plus malin que lui, d’avoir prévu.
Et il te regarde la retirer sans comprendre, au départ. “Et toi ?” A juste le temps de demander alors que le corps se rapproche et que les doigts s’affairent à la lui passer autour de la taille. Oh. Le corps qui se crispe. Le souffle qui vacille. Les joues qui se colorent encore. Le regard qui s’échappe parce que c’est dur de savoir où poser les yeux quand tu es si près de lui. Se concentre sur les mots. Plutôt. Pour ne pas faire attention à ce qui déborde du tiroir (pourtant si bien fermé à double tour) où tout est rangé.
Récupérer une ceinture dans sa chambre.
“D’accord.”
Empêche le ton de vaciller.
Et reporte son regard sur Rune.
Comme si l’orage était passé.
Comme si rien n’avait jamais débordé de son tiroir.
Comme si Rune n’était pas toujours trop proche sans que ni l’un ni l’autre ne bouge.
“Tu as prévu la trousse à pharmacie ? Je peux en prendre une, s’il faut.”
Pour les épines sur la peau pâle. Pour s’il devait arriver quelque chose. Oh, après tout, que peut-il se passer dans une forêt ? Il y a des animaux sauvages, tu crois ? Il ne demande pas. Pose une main délicate juste là, au creux du dos de Rune. Le rapproche. Rien qu’une seconde, le temps d’ouvrir en grand la porte de la salle de bain pour libérer l’accès. Pivote. L’entraîne. Comme une danse. Juste quelques secondes. Pour se retrouver dos à la porte.
“Pas que je veuille pas rester dans cette salle de bain toute la journée mais…”
Ouais. Pas le meilleur endroit. Le relâche et s’échappe par la porte ouverte. Va attraper son sac à dos soigneusement préparé, eau, nourriture, allumettes, couverture juste au cas où, il y a encore la place pour une trousse à pharmacie si Rune n’en a pas pris.
Lucerys entend les pas s’approcher. La voix demander. Alors il abaisse la poignée pour lui montrer. C’est ouvert, Rune, tu peux entrer. Et quand il le fait, le regard gris se lève vers lui. Les mains accrochées au bord du pantalon trop large pour l’empêcher d’atterrir sur ses chevilles. C’est qu’il n’a pas de ceinture, lui. N’en a pas acheté, n’a pas vu l’intérêt puisque ses vêtements sont à sa taille.
Oh tu es malin, Rune.
Plus malin que lui, d’avoir prévu.
Et il te regarde la retirer sans comprendre, au départ. “Et toi ?” A juste le temps de demander alors que le corps se rapproche et que les doigts s’affairent à la lui passer autour de la taille. Oh. Le corps qui se crispe. Le souffle qui vacille. Les joues qui se colorent encore. Le regard qui s’échappe parce que c’est dur de savoir où poser les yeux quand tu es si près de lui. Se concentre sur les mots. Plutôt. Pour ne pas faire attention à ce qui déborde du tiroir (pourtant si bien fermé à double tour) où tout est rangé.
Récupérer une ceinture dans sa chambre.
“D’accord.”
Empêche le ton de vaciller.
Et reporte son regard sur Rune.
Comme si l’orage était passé.
Comme si rien n’avait jamais débordé de son tiroir.
Comme si Rune n’était pas toujours trop proche sans que ni l’un ni l’autre ne bouge.
“Tu as prévu la trousse à pharmacie ? Je peux en prendre une, s’il faut.”
Pour les épines sur la peau pâle. Pour s’il devait arriver quelque chose. Oh, après tout, que peut-il se passer dans une forêt ? Il y a des animaux sauvages, tu crois ? Il ne demande pas. Pose une main délicate juste là, au creux du dos de Rune. Le rapproche. Rien qu’une seconde, le temps d’ouvrir en grand la porte de la salle de bain pour libérer l’accès. Pivote. L’entraîne. Comme une danse. Juste quelques secondes. Pour se retrouver dos à la porte.
“Pas que je veuille pas rester dans cette salle de bain toute la journée mais…”
Ouais. Pas le meilleur endroit. Le relâche et s’échappe par la porte ouverte. Va attraper son sac à dos soigneusement préparé, eau, nourriture, allumettes, couverture juste au cas où, il y a encore la place pour une trousse à pharmacie si Rune n’en a pas pris.
Il n’y a que toi Lucerys, dans cette salle de bain. Que toi à ses yeux lorsqu’il s’approche et passe les ceintures aux anneaux du pantalon bien trop grand pour toi, pour lui, pour vous deux. C’est toi qu’il respire, si proche, et qu’il touche ou presque. C’est ta présence qui s’impose entre vous.
Toi et le fantôme de lui.
Le spectre de sa présence.
L’ombre de celui qu’il est.
Le sourire pourtant est là, complice alors qu’il glisse le cuir dans les passants du jean en prenant tout son temps. Il est là lorsque tes yeux croisent brièvement les siens et qu’il découvre avec beaucoup de malice et de joie, les cerises de tes joues à croquer.
Il n’y a que toi et ta présence immense dans cette petite pièce.
Que toi et tes yeux de la couleur de l’orage qui lui intiment de ne pas t’approcher.
Que toi et tes regards renversants qu’il ne sait pas comment interpréter.
Alors bien sagement il effleure à peine ton être tout entier, juste assez pour t'enfiler la ceinture qui était la sienne il y a encore quelques instants. Assez pour oublier que dans cette pièce il y a quelques temps à peine il est venu se briser sur tes rochers.
Alors il te regarde, lui aussi. De ses grands yeux d’un bleu myosotis, il te regarde à la dérobée. Comme un trésor qu’il ne faut pas trop admirer sous peine de le voir disparaître. Il t’admire dans ces vêtements trop grands pour toi, qui sentent un parfum qu’il a déjà porté sur sa peau.
Il te regarde à peine derrière ses cils épais qui papillonnent de sentir ta main contre lui. Dans son dis des milliers de frissons se sont réveillés et c’est sans y penser qu’il te suit. Tu es un cavalier hors pair, Lucerys. Et Rune est un partenaire incroyablement réceptif qui se laisse guider à la perfection, jusqu’à la sortie où ta chaleur s’estompe et ta présence se relâche.
Il a froid, d’un coup.
Il se sent vide, soudain.
Il se sent seul, à présent.
A présent que tu n’es plus là.
A présent que tu ne le touches plus.
A présent qu’il est si loin, si loin de toi.
« Non, tu peux la prendre, c'est une bonne idée. »
Alors doucement les habitudes reviennent, et le froid aussi. Mais ses yeux sont toujours sur toi, et sur son épaule son sac pèse si lourd alors qu’il est pourtant presque vide.
« J’ai de quoi stocker ce qu’il nous faut. J’ai aussi de l’eau et de quoi grignoter. »
Tu ne le sais pas, Lucerys, mais Rune mange à peine. Juste le nécessaire, alors les en-cas sont pour toi. Et pour toi seul. Ses pas sortent déjà de votre chambre, pour s’arrêter devant la sienne qu’il laisse ouverte aux quatres vents juste le temps d’en sortir avec une ceinture en imitation de peau de crocodile, noire et lustrée, à la main.
« Je m’occuperai de ça plus tard, on peut y aller ! »
Toi et le fantôme de lui.
Le spectre de sa présence.
L’ombre de celui qu’il est.
Le sourire pourtant est là, complice alors qu’il glisse le cuir dans les passants du jean en prenant tout son temps. Il est là lorsque tes yeux croisent brièvement les siens et qu’il découvre avec beaucoup de malice et de joie, les cerises de tes joues à croquer.
Il n’y a que toi et ta présence immense dans cette petite pièce.
Que toi et tes yeux de la couleur de l’orage qui lui intiment de ne pas t’approcher.
Que toi et tes regards renversants qu’il ne sait pas comment interpréter.
Alors bien sagement il effleure à peine ton être tout entier, juste assez pour t'enfiler la ceinture qui était la sienne il y a encore quelques instants. Assez pour oublier que dans cette pièce il y a quelques temps à peine il est venu se briser sur tes rochers.
Alors il te regarde, lui aussi. De ses grands yeux d’un bleu myosotis, il te regarde à la dérobée. Comme un trésor qu’il ne faut pas trop admirer sous peine de le voir disparaître. Il t’admire dans ces vêtements trop grands pour toi, qui sentent un parfum qu’il a déjà porté sur sa peau.
Il te regarde à peine derrière ses cils épais qui papillonnent de sentir ta main contre lui. Dans son dis des milliers de frissons se sont réveillés et c’est sans y penser qu’il te suit. Tu es un cavalier hors pair, Lucerys. Et Rune est un partenaire incroyablement réceptif qui se laisse guider à la perfection, jusqu’à la sortie où ta chaleur s’estompe et ta présence se relâche.
Il a froid, d’un coup.
Il se sent vide, soudain.
Il se sent seul, à présent.
A présent que tu n’es plus là.
A présent que tu ne le touches plus.
A présent qu’il est si loin, si loin de toi.
« Non, tu peux la prendre, c'est une bonne idée. »
Alors doucement les habitudes reviennent, et le froid aussi. Mais ses yeux sont toujours sur toi, et sur son épaule son sac pèse si lourd alors qu’il est pourtant presque vide.
« J’ai de quoi stocker ce qu’il nous faut. J’ai aussi de l’eau et de quoi grignoter. »
Tu ne le sais pas, Lucerys, mais Rune mange à peine. Juste le nécessaire, alors les en-cas sont pour toi. Et pour toi seul. Ses pas sortent déjà de votre chambre, pour s’arrêter devant la sienne qu’il laisse ouverte aux quatres vents juste le temps d’en sortir avec une ceinture en imitation de peau de crocodile, noire et lustrée, à la main.
« Je m’occuperai de ça plus tard, on peut y aller ! »
Le nécessaire rapidement empaqueté.
De quoi bander, de quoi désinfecter.
De quoi survivre, il espère.
Il espère qu’ils ne rencontreront pas de serpents. N’a aucune idée de ce qu’il faut faire si l’un d’eux se casse une jambe. Oh, mais ils ne se casseront pas une jambe, n’est-ce pas ? Le coin de la lèvre est mordillé, une simple seconde. Avant qu’il ne s’extraie de nouveau de la salle de bain pour fourrer la trousse dans son sac à dos.
“Moi aussi.”
De l’eau.
À manger.
Quelques pâtes de fruit glissées à l’avant du sac.
Juste au cas où. Parce qu’il s’est contenté de grignoter, ce matin encore.
Un jus de fruit. Une tranche de pain. Il a toujours eu du mal à se remplir l’estomac, Lucerys. Déjà petit, ne mangeait pas beaucoup. A toujours eu ce faible pour les pâtes de fruit (elle en faisait, Granny, il se souvient). Se la sort de la tête alors qu’il suit Rune dans le couloir - ferme la porte et le temps d’arriver à celle du blond il en est déjà ressorti.
“Tout doux l’explorateur. Tu peux prendre dix secondes pour passer ta ceinture ou tu auras perdu ton pantalon avant la fin du couloir.”
Il y a une seconde où il aimerait savoir faire comme lui.
La lui prendre des mains. La lui passer. Sans se soucier de rien.
Mais les mains restent sagement posées sur les anses de son sac à dos, passé avant de sortir. Lucerys ne bouge pas. Ne repart qu’une fois la ceinture passée et bouclée. Manquerait plus qu’il se retrouve encore nu devant lui - la pensée précipitamment rangée et il espère ne pas en retrouver le chemin.
Descend les escaliers.
Sort de l’auberge.
Ah, le soleil encore.
Qui tape sur son visage.
Serre les doigts autour des anses et évite soigneusement le regard des personnes qu’ils pourraient croiser. C’est qu’il a conscience de son look. Loin (à l’opposé, même) de ce qu’il est d’habitude.
“Tu as déjà fait… ce genre d’expédition ?”
Ne sait pas ce qu’il fait là.
Ne sait pas pourquoi il a dit oui.
Ne sait toujours pas pourquoi il lui a proposé, Rune.
N’est pas le meilleur candidat pour ce genre d’activité. Déteste les toiles d’araignées. Les trucs qui piquent. Les bêtes qui mordent. Les épines qui se plantent dans les mains. Chercher sans savoir s’ils vont trouver. Ah - qu’est-ce qu’ils vont devoir trouver, au fait ?
De quoi bander, de quoi désinfecter.
De quoi survivre, il espère.
Il espère qu’ils ne rencontreront pas de serpents. N’a aucune idée de ce qu’il faut faire si l’un d’eux se casse une jambe. Oh, mais ils ne se casseront pas une jambe, n’est-ce pas ? Le coin de la lèvre est mordillé, une simple seconde. Avant qu’il ne s’extraie de nouveau de la salle de bain pour fourrer la trousse dans son sac à dos.
“Moi aussi.”
De l’eau.
À manger.
Quelques pâtes de fruit glissées à l’avant du sac.
Juste au cas où. Parce qu’il s’est contenté de grignoter, ce matin encore.
Un jus de fruit. Une tranche de pain. Il a toujours eu du mal à se remplir l’estomac, Lucerys. Déjà petit, ne mangeait pas beaucoup. A toujours eu ce faible pour les pâtes de fruit (elle en faisait, Granny, il se souvient). Se la sort de la tête alors qu’il suit Rune dans le couloir - ferme la porte et le temps d’arriver à celle du blond il en est déjà ressorti.
“Tout doux l’explorateur. Tu peux prendre dix secondes pour passer ta ceinture ou tu auras perdu ton pantalon avant la fin du couloir.”
Il y a une seconde où il aimerait savoir faire comme lui.
La lui prendre des mains. La lui passer. Sans se soucier de rien.
Mais les mains restent sagement posées sur les anses de son sac à dos, passé avant de sortir. Lucerys ne bouge pas. Ne repart qu’une fois la ceinture passée et bouclée. Manquerait plus qu’il se retrouve encore nu devant lui - la pensée précipitamment rangée et il espère ne pas en retrouver le chemin.
Descend les escaliers.
Sort de l’auberge.
Ah, le soleil encore.
Qui tape sur son visage.
Serre les doigts autour des anses et évite soigneusement le regard des personnes qu’ils pourraient croiser. C’est qu’il a conscience de son look. Loin (à l’opposé, même) de ce qu’il est d’habitude.
“Tu as déjà fait… ce genre d’expédition ?”
Ne sait pas ce qu’il fait là.
Ne sait pas pourquoi il a dit oui.
Ne sait toujours pas pourquoi il lui a proposé, Rune.
N’est pas le meilleur candidat pour ce genre d’activité. Déteste les toiles d’araignées. Les trucs qui piquent. Les bêtes qui mordent. Les épines qui se plantent dans les mains. Chercher sans savoir s’ils vont trouver. Ah - qu’est-ce qu’ils vont devoir trouver, au fait ?
La tête pleine de soleil et les yeux remplis d’aventures, c’est comme un enfant excité qu’est maintenant Rune. Il sautille presque en sortant de la chambre, sans faire plus attention au poids de son sac, de son manque flagrant de sens de l’orientation, du pantalon qui glisse sur ses hanches à chaque mouvement qu’il fait.
Et il est prêt à t’emmener avec lui.
A quelques pas.
Au bout du monde.
Mais bien vite ta remarque lui rappelle que oui, la ceinture dans sa main n’est pas uniquement décorative et que s’il a eu besoin d’aller la chercher, c’est bien pour se la passer autour de la taille. Il glousse malgré tout, en jaugeant la distance que fait le couloir, un petit sourire malin au bout des lèvres. C’est qu’il a presque envie de tenter pour voir s’il arriverait au bout avec son pantalon aux hanches ou aux chevilles. Mais si le carillon de son rire sonne comme un défi, il reste sage et en moins de temps qu’il n’en faut pour battre des cils, il a passé la ceinture autour de sa taille fine.
« Ça aurait été un peu drôle, quand même. »
Il te chuchote comme un secret, presque coupable de s’en amuser. Il se doute bien que pour le coup toi, ça t’aurait mortifié, mais il faut bien avouer que Rune s’en contrefiche lui, de te montrer ses fesses. Alors il emboîte ses pas dans les tiens, peut-être un peu trop proche de toi qu’il n’aurait fallu mais il n’a pas envie de se laisser distancer.
Une fois dehors, Rune tend ostensiblement son visage au soleil, les yeux fermés. Il a toujours aimé le soleil et les saisons chaudes. Faire dorer sa peau presque nu sur les plages, récolter le sel et le sable dans ses cheveux, dans sa bouche. Alors juste là devant l’auberge, il prend quelques secondes pour réchauffer sa peau, sécher son coeur encore un peu mouillé. Quelques secondes et il est prêt à partir.
Avec toi.
Dans vos vêtements presque appariés.
Dans vos chaussures d’aventuriers un peu trop grands.
« Oui ! J’essaie de ne pas m’aventurer trop loin par contre. »
Il t’est passé devant et marche presque à reculons pour continuer à te regarder, ne se retourne que quelques fois pour vérifier son chemin et sortir du village. Devant toi et derrière lui à présent, la route principale mais surtout les grandes plaines bordées de fleurs et de fruits, de blé doré gorgé de soleil.
« Enfin, je l’ai fait une fois mais… »
Il hausse les épaules comme si ce n’était rien, mais son regard s’est assombri. Noyé. Il se retourne alors enfin à l’endroit.
Pour voir la route.
Pour que tu ne le voies pas.
Son pas est resté léger, tout comme la boîte des souvenirs est restée bien scellée, tout au fond de lui, là où il peut faire comme si ça n’avait pas existé.
« Bref ! C’est parti. On va essayer de s’éloigner quand-même un peu, si tu es d’accord bien sûr. Hm, Lucerys ? »
Et il est prêt à t’emmener avec lui.
A quelques pas.
Au bout du monde.
Mais bien vite ta remarque lui rappelle que oui, la ceinture dans sa main n’est pas uniquement décorative et que s’il a eu besoin d’aller la chercher, c’est bien pour se la passer autour de la taille. Il glousse malgré tout, en jaugeant la distance que fait le couloir, un petit sourire malin au bout des lèvres. C’est qu’il a presque envie de tenter pour voir s’il arriverait au bout avec son pantalon aux hanches ou aux chevilles. Mais si le carillon de son rire sonne comme un défi, il reste sage et en moins de temps qu’il n’en faut pour battre des cils, il a passé la ceinture autour de sa taille fine.
« Ça aurait été un peu drôle, quand même. »
Il te chuchote comme un secret, presque coupable de s’en amuser. Il se doute bien que pour le coup toi, ça t’aurait mortifié, mais il faut bien avouer que Rune s’en contrefiche lui, de te montrer ses fesses. Alors il emboîte ses pas dans les tiens, peut-être un peu trop proche de toi qu’il n’aurait fallu mais il n’a pas envie de se laisser distancer.
Une fois dehors, Rune tend ostensiblement son visage au soleil, les yeux fermés. Il a toujours aimé le soleil et les saisons chaudes. Faire dorer sa peau presque nu sur les plages, récolter le sel et le sable dans ses cheveux, dans sa bouche. Alors juste là devant l’auberge, il prend quelques secondes pour réchauffer sa peau, sécher son coeur encore un peu mouillé. Quelques secondes et il est prêt à partir.
Avec toi.
Dans vos vêtements presque appariés.
Dans vos chaussures d’aventuriers un peu trop grands.
« Oui ! J’essaie de ne pas m’aventurer trop loin par contre. »
Il t’est passé devant et marche presque à reculons pour continuer à te regarder, ne se retourne que quelques fois pour vérifier son chemin et sortir du village. Devant toi et derrière lui à présent, la route principale mais surtout les grandes plaines bordées de fleurs et de fruits, de blé doré gorgé de soleil.
« Enfin, je l’ai fait une fois mais… »
Il hausse les épaules comme si ce n’était rien, mais son regard s’est assombri. Noyé. Il se retourne alors enfin à l’endroit.
Pour voir la route.
Pour que tu ne le voies pas.
Son pas est resté léger, tout comme la boîte des souvenirs est restée bien scellée, tout au fond de lui, là où il peut faire comme si ça n’avait pas existé.
« Bref ! C’est parti. On va essayer de s’éloigner quand-même un peu, si tu es d’accord bien sûr. Hm, Lucerys ? »
La ceinture est passée.
Le pantalon reste sur les hanches au fil des mètres avalés.
Ils quittent la ville, bientôt.
Un chemin se dessine et Rune se retourne pour parler.
Lucerys se souvient être déjà venu une fois ou deux par ici pour courir.
Pas assez cependant pour savoir ce qui peut soudain faire s’arrêter les mots et c’est trop tard, Rune.
Lucerys a vu tes yeux perdre l’éclat.
Lucerys a senti ton feu s’étouffer.
Lucerys a vu la vague s’élever et submerger.
Et il devrait le laisser s’échapper mais ses doigts trouvent sa main. S’y accrochent. Le forcent à lui faire face de nouveau. Juste quelques secondes où l’anthracite s’écrase au creux du bleu et fouille. Fouille à la recherche de réponses à ses questions muettes. À la conquête de l’histoire qui lui est tue. Il sait, Rune. Il sait qu’il y a quelque chose (combien d’autres ?) que tu ne veux pas dire. Pourtant les lèvres restent closes et le regard finit par se détourner. Et ses doigts pressent ceux du blond sans trop savoir pourquoi. Juste avant de les relâcher.
“Attends-moi. J’ai pas envie de cavaler.”
Il se remet en route.
Ne cherche pas les explications que Rune ne veut pas donner.
Essaye de ne pas penser au trouble dans les yeux.
Qu’est-ce qui s’est passé là bas ? Qu’est-ce qui s’est passé trop loin ? Où est-ce que ça commence, trop loin, d’ailleurs ? Est-ce que tu as dû affronter ça seul, Rune ?
Il ne demande rien. N’exige rien. S’il a compris une chose de leur première rencontre c’est sûrement ça. C’est inutile d’exiger de Rune ce qu’il ne veut pas donner. Il l’aurait laissé briser la fiole plutôt que de plier. Il s’empalerait sur ses épines plutôt que de lui donner les réponses attendues, de ça Lucerys est sûr. Alors il préfère se taire plutôt que de le blesser encore. Il préfère laisser tomber plutôt que de briser ces fondations fragiles sur lesquelles ils progressent lentement. Ça vaut mieux. Lucerys ne sait pas comment il pourrait l’aider et de son aide Rune n’en veut sûrement pas.
Range la pensée.
Change de sujet.
“Tu sais Rune, j’y connais rien en plantes.”
Celles de la Terre.
Celles de Phymeris.
C’est pareil pour lui.
Le pantalon reste sur les hanches au fil des mètres avalés.
Ils quittent la ville, bientôt.
Un chemin se dessine et Rune se retourne pour parler.
Lucerys se souvient être déjà venu une fois ou deux par ici pour courir.
Pas assez cependant pour savoir ce qui peut soudain faire s’arrêter les mots et c’est trop tard, Rune.
Lucerys a vu tes yeux perdre l’éclat.
Lucerys a senti ton feu s’étouffer.
Lucerys a vu la vague s’élever et submerger.
Et il devrait le laisser s’échapper mais ses doigts trouvent sa main. S’y accrochent. Le forcent à lui faire face de nouveau. Juste quelques secondes où l’anthracite s’écrase au creux du bleu et fouille. Fouille à la recherche de réponses à ses questions muettes. À la conquête de l’histoire qui lui est tue. Il sait, Rune. Il sait qu’il y a quelque chose (combien d’autres ?) que tu ne veux pas dire. Pourtant les lèvres restent closes et le regard finit par se détourner. Et ses doigts pressent ceux du blond sans trop savoir pourquoi. Juste avant de les relâcher.
“Attends-moi. J’ai pas envie de cavaler.”
Il se remet en route.
Ne cherche pas les explications que Rune ne veut pas donner.
Essaye de ne pas penser au trouble dans les yeux.
Qu’est-ce qui s’est passé là bas ? Qu’est-ce qui s’est passé trop loin ? Où est-ce que ça commence, trop loin, d’ailleurs ? Est-ce que tu as dû affronter ça seul, Rune ?
Il ne demande rien. N’exige rien. S’il a compris une chose de leur première rencontre c’est sûrement ça. C’est inutile d’exiger de Rune ce qu’il ne veut pas donner. Il l’aurait laissé briser la fiole plutôt que de plier. Il s’empalerait sur ses épines plutôt que de lui donner les réponses attendues, de ça Lucerys est sûr. Alors il préfère se taire plutôt que de le blesser encore. Il préfère laisser tomber plutôt que de briser ces fondations fragiles sur lesquelles ils progressent lentement. Ça vaut mieux. Lucerys ne sait pas comment il pourrait l’aider et de son aide Rune n’en veut sûrement pas.
Range la pensée.
Change de sujet.
“Tu sais Rune, j’y connais rien en plantes.”
Celles de la Terre.
Celles de Phymeris.
C’est pareil pour lui.
Il a bien vite compris, que justement toi aussi tu avais compris. Lorsque ta main a trouvé la sienne. Lorsque tes doigts se sont refermés doucement autour des siens. Lorsque tes yeux ont plongé en lui, ils ont cherché et pourtant il ne t’a rien donné qu’un petit sourire. Ceux qu’ont les enfants qui savent qu’ils font une bêtise, mais qui savent qu’ils vont quand même la faire.
Un sourire qui s’excuse.
Un sourire qui te demande pardon.
Pardon de ne rien te dire, pardon de t’avoir laissé voir cette partie de lui.
Alors pour les quelques secondes où vos peaux se frôlent, il referme très doucement ses doigts autour des tiens, avant de te laisser naturellement t’en aller. Ça n’a duré qu’une secondes et vous êtes déjà prêts à faire comme si rien ne s’était passé.
Alors il rit.
D’un rire clair.
Tu as saisi, il était prêt lui, à cavaler et gambader de pré en pré pour cueillir tout ce que vous auriez pu trouver. Comme une biche hors du bois qui papillonne des cils lorsqu’il comprend enfin qu’il doit se freiner un peu, ralentir le pas et l’allure, juste assez pour s’adapter à toi.
« Oups, pardon ! »
Ses dents mordent ses lèvres dans une moue d’excuse joyeuse tandis qu’il ralentit le pas avant de dévier de la route principale, coupant directement à travers champs où les herbes folles lui arrivent aux genoux.
Et il t’est reconnaissant tu sais, Lucerys. Reconnaissant d’avoir compris, que chez lui il ne faut pas remuer l’eau qui dort. Qu’il ne faut pas forcer l’ouverture de ce qu’il ne veut pas montrer ou partager sous peine de le blesser à mort.
Alors il t’est reconnaissant de changer de sujet, de faire comme si tu n’avais rien vu alors que lui a vu, tes yeux dans les siens.
Il sait, que tu as vu.
Et autour de vous, tu ne peux probablement pas encore le sentir, mais les odeurs ont changé. Elles se font plus vertes, plus sauvages. Ça sent la rosée et le matin, ça sent l’herbe sauvage et les fleurs des champs.
« Je sais, Lucerys. »
Et son sourire est de nouveau grand et solaire, alors qu’il te regarde, complice. Qu’il semble te dire de lui faire confiance, que lui, il sait ce qu’il fait.
A peu près.
« Mais moi je m’y connais, je vais te montrer. Viens. »
Et déjà il avance à nouveau, jusqu’à un petit attroupement de quelques arbres. Il ne les a pas choisis au hasard en réalité, il les a vus de la route, et déjà il te les montre de la main, tendrement. L’écorce est sombre, les feuilles petites et les fleurs nombreuses. Blanches à rosées, elles habillent presque tout le ramage.
« Regarde, c’est un pommier malus coronaria, autrement appelé le pommier odorant ! »
Délicatement il vient saisir quelques fleurs au creux de sa paume, ‘invitant à t’approcher pour sentir, ou cueillir directement si tu le préfères.
Un sourire qui s’excuse.
Un sourire qui te demande pardon.
Pardon de ne rien te dire, pardon de t’avoir laissé voir cette partie de lui.
Alors pour les quelques secondes où vos peaux se frôlent, il referme très doucement ses doigts autour des tiens, avant de te laisser naturellement t’en aller. Ça n’a duré qu’une secondes et vous êtes déjà prêts à faire comme si rien ne s’était passé.
Alors il rit.
D’un rire clair.
Tu as saisi, il était prêt lui, à cavaler et gambader de pré en pré pour cueillir tout ce que vous auriez pu trouver. Comme une biche hors du bois qui papillonne des cils lorsqu’il comprend enfin qu’il doit se freiner un peu, ralentir le pas et l’allure, juste assez pour s’adapter à toi.
« Oups, pardon ! »
Ses dents mordent ses lèvres dans une moue d’excuse joyeuse tandis qu’il ralentit le pas avant de dévier de la route principale, coupant directement à travers champs où les herbes folles lui arrivent aux genoux.
Et il t’est reconnaissant tu sais, Lucerys. Reconnaissant d’avoir compris, que chez lui il ne faut pas remuer l’eau qui dort. Qu’il ne faut pas forcer l’ouverture de ce qu’il ne veut pas montrer ou partager sous peine de le blesser à mort.
Alors il t’est reconnaissant de changer de sujet, de faire comme si tu n’avais rien vu alors que lui a vu, tes yeux dans les siens.
Il sait, que tu as vu.
Et autour de vous, tu ne peux probablement pas encore le sentir, mais les odeurs ont changé. Elles se font plus vertes, plus sauvages. Ça sent la rosée et le matin, ça sent l’herbe sauvage et les fleurs des champs.
« Je sais, Lucerys. »
Et son sourire est de nouveau grand et solaire, alors qu’il te regarde, complice. Qu’il semble te dire de lui faire confiance, que lui, il sait ce qu’il fait.
A peu près.
« Mais moi je m’y connais, je vais te montrer. Viens. »
Et déjà il avance à nouveau, jusqu’à un petit attroupement de quelques arbres. Il ne les a pas choisis au hasard en réalité, il les a vus de la route, et déjà il te les montre de la main, tendrement. L’écorce est sombre, les feuilles petites et les fleurs nombreuses. Blanches à rosées, elles habillent presque tout le ramage.
« Regarde, c’est un pommier malus coronaria, autrement appelé le pommier odorant ! »
Délicatement il vient saisir quelques fleurs au creux de sa paume, ‘invitant à t’approcher pour sentir, ou cueillir directement si tu le préfères.
Il y a des fleurs des champs et des herbes tout autour d’eux. Elles montent plus haut qu’il n’en a l’habitude, atteignent ses genoux et il se demande si là où ils vont elles seront encore plus hautes. Il sent leurs odeurs aussi, en passant. Il sent quand leurs pieds les écrasent. C’est un mélange de tellement de choses et il n’est pas capable d’identifier, mais il sait qu’elles sont loin de celles qu’il sent d’habitude.
Il a toujours vécu en ville.
Au milieu des gazs d’échappement
des senteurs souvent désagréables de l’humanité.
Et en réalité il n’a jamais trop prêté attention à ça avant Rune.
Aux plantes, aux fleurs, aux odeurs. À part celle du pétrichor.
Il aime le pétrichor.
Rune se dirige vers les arbres plus loin alors il le suit. Il évite de prêter attention à la fraîcheur de la rosée qui humidifie le pantalon. Il évite de penser aux insectes qu’ils peuvent rencontrer. À ceux qu’il remarquerait s’il baissait la tête. Il suit Rune. Se fait docile.
Et
Lucerys devrait regarder le pommier mais il n’y parvient pas.
Lucerys te regarde toi, en réalité.
Il regarde ta passion.
Il regarde tes sourires.
Il regarde ton soleil et ta chaleur qui s’en dégagent.
Il regarde ta tendresse quand tu t’empares de quelques fleurs.
Et quand il s’approche, c’est vers toi qu’il vient. C’est ta main qu’il vient saisir entre les siennes. Qu’il porte à son visage pour inspirer l’odeur des pétales. Il ferme les yeux. Il plonge dans ton monde même s’il sait que tu perçois bien plus de choses que lui. Que tu sais décomposer des fragrances et les saisir entièrement alors qu’il n’en est pas capable. Et ça l’intrigue, Rune. Il aimerait savoir ce que tu sens, toi. Ce qu’elle te dit, cette odeur. Ce que tu en penses.
Pour lui elle est douce. Parfumée mais agréable. Elle lui évoque la douceur et la joie de l’enfance. Ces choses qu’il n’a pas connues mais qu’il peut imaginer, une pomme d’amour grignotée sur le bord d’une fête foraine. Une tarte chaude sortie du four, préparée dans les rires. La tendresse de la main d’une mère sur celle de son enfant. La douceur de ses sourires et - ah, le visage de porcelaine se froisse si légèrement. Les doigts se serrent un peu plus sur les tiens mais il ne rompt pas le contact. Mais tu sais, Rune, les odeurs ça transporte à tellement d’endroits différents et Lucerys ne se sent pas prêt à tous les affronter. Il préfère les enfermer. Les enfermer comme tu le fais aussi avec ce que tu ne dis pas - il sait maintenant. Que toi aussi tu te caches. Qu’une partie de toi est enfermée au creux de ton être. Comme lui.
Les yeux se rouvrent.
L’anthracite se glisse encore dans le bleu.
Il n’est pas aussi froid qu’à votre rencontre. Il est peut-être un peu intrigué. Par ce que tu sens dans ces fleurs, toi. Par ce que tu sens tout autour de toi. (Est-ce qu’il sent quelque chose en particulier, Lucerys, pour toi ?) Son monde à lui tourne autour de la danse. Tourne autour des musiques qu’il entend et qui portent les pas. Mais le tien est tellement vaste. Tellement riche.
Lucerys voudrait comprendre.
Garde ta main au creux des siennes.
Dérive légèrement sans te lâcher du regard.
Vers le poignet. Vers ta peau cette fois. C’est fleuri mais pas que. Il y a autre chose. Des odeurs qu’il n’identifie pas. C’est frais. Pas que - il se sent mauvais à cet exercice. Essaie quand même. Il veut te comprendre. Un peu mieux au moins. Il veut t’apprendre. Même s’il n’a jamais été doué pour ça.
Il a toujours vécu en ville.
Au milieu des gazs d’échappement
des senteurs souvent désagréables de l’humanité.
Et en réalité il n’a jamais trop prêté attention à ça avant Rune.
Aux plantes, aux fleurs, aux odeurs. À part celle du pétrichor.
Il aime le pétrichor.
Rune se dirige vers les arbres plus loin alors il le suit. Il évite de prêter attention à la fraîcheur de la rosée qui humidifie le pantalon. Il évite de penser aux insectes qu’ils peuvent rencontrer. À ceux qu’il remarquerait s’il baissait la tête. Il suit Rune. Se fait docile.
Et
Lucerys devrait regarder le pommier mais il n’y parvient pas.
Lucerys te regarde toi, en réalité.
Il regarde ta passion.
Il regarde tes sourires.
Il regarde ton soleil et ta chaleur qui s’en dégagent.
Il regarde ta tendresse quand tu t’empares de quelques fleurs.
Et quand il s’approche, c’est vers toi qu’il vient. C’est ta main qu’il vient saisir entre les siennes. Qu’il porte à son visage pour inspirer l’odeur des pétales. Il ferme les yeux. Il plonge dans ton monde même s’il sait que tu perçois bien plus de choses que lui. Que tu sais décomposer des fragrances et les saisir entièrement alors qu’il n’en est pas capable. Et ça l’intrigue, Rune. Il aimerait savoir ce que tu sens, toi. Ce qu’elle te dit, cette odeur. Ce que tu en penses.
Pour lui elle est douce. Parfumée mais agréable. Elle lui évoque la douceur et la joie de l’enfance. Ces choses qu’il n’a pas connues mais qu’il peut imaginer, une pomme d’amour grignotée sur le bord d’une fête foraine. Une tarte chaude sortie du four, préparée dans les rires. La tendresse de la main d’une mère sur celle de son enfant. La douceur de ses sourires et - ah, le visage de porcelaine se froisse si légèrement. Les doigts se serrent un peu plus sur les tiens mais il ne rompt pas le contact. Mais tu sais, Rune, les odeurs ça transporte à tellement d’endroits différents et Lucerys ne se sent pas prêt à tous les affronter. Il préfère les enfermer. Les enfermer comme tu le fais aussi avec ce que tu ne dis pas - il sait maintenant. Que toi aussi tu te caches. Qu’une partie de toi est enfermée au creux de ton être. Comme lui.
Les yeux se rouvrent.
L’anthracite se glisse encore dans le bleu.
Il n’est pas aussi froid qu’à votre rencontre. Il est peut-être un peu intrigué. Par ce que tu sens dans ces fleurs, toi. Par ce que tu sens tout autour de toi. (Est-ce qu’il sent quelque chose en particulier, Lucerys, pour toi ?) Son monde à lui tourne autour de la danse. Tourne autour des musiques qu’il entend et qui portent les pas. Mais le tien est tellement vaste. Tellement riche.
Lucerys voudrait comprendre.
Garde ta main au creux des siennes.
Dérive légèrement sans te lâcher du regard.
Vers le poignet. Vers ta peau cette fois. C’est fleuri mais pas que. Il y a autre chose. Des odeurs qu’il n’identifie pas. C’est frais. Pas que - il se sent mauvais à cet exercice. Essaie quand même. Il veut te comprendre. Un peu mieux au moins. Il veut t’apprendre. Même s’il n’a jamais été doué pour ça.
Tu ne lui réponds pas, ta bouche reste close et pourtant il te comprend. Un peu, de plus en plus. Doucement. Tes yeux parlent pour toi, tes gestes s’expriment à ta place. Il voit, ta douceur, tes efforts pour composer avec lui. Quelqu’un comme lui. Parce qu’il te regarde si fort, directement et parfois à la dérobée qu’il en a presque peur de t’user.
C’est plus facile quand il pense que tu ne le vois pas.
Pas trop.
Pas assez pour le remarquer.
Il voit ta prudence et la méfiance naturelle que tu as pour la nature. Il comprend que tu es un citadin pure souche, comme lui tu sais. Rune aime les odeurs, il adore les collectionner et c’est ce qui le motive à aller les chercher. Mais lui aussi il a poussé en pleine ville, là où toutes les senteurs sont déjà dans des flacons.
Mais ici, il n’a pas le choix.
Alors c’est encore une petite violence qu’il a dû s’infliger.
Surpasser sa peur, oublier les angoisses que la solitude de la nature font remonter.
A chaque pas, un peu plus loin, une victoire.
Alors il te laisse le temps, parce qu’il sait que tu en as besoin. Il te laisse faire tes premiers pas à toi, pour le rejoindre. Tu as le droit, à tout moment Lucerys, de faire demi-tour. De lui dire que tu ne peux pas, que tu ne veux pas. Il fera le chemin inverse avec toi, déjà heureux du petit pas que tu auras franchi.
Et son sourire se fait plus doux, ses yeux pétillent un instant de ton contact, pour venir sentir au creux de sa paume. Il regarde les rayons du soleil se refléter sur tes cils noirs, qui dessinent des ombres sur tes pommettes lorsque tu fermes les yeux. Le pas que tu as franchi est immense Lucerys, il espère que tu en es conscient, que tu en seras fier aussi, un peu.
Ce sont ses cils à lui, qui papillonnent très vite lorsque tes doigts dérivent sur son poignet alors qu’il pensait que tu allais le lâcher au plus vite. Il se souvient, que le contact ne semble pas t’être familier ou agréable, là où lui serait prêt à se damner pour ça. Mais il ne bouge pas, presque effrayé à l’idée de te faire fuir s’il respire ne serait-ce que trop fort.
Vas-tu remarquer ?
Les frissons.
La chair de poule.
Qui suivent tes doigts où qu’ils passent.
Elle s’est bloquée dans sa gorge, sa respiration. Pour ne pas briser le moment et pour ne pas te déconcentrer. C’est important la concentration, lorsqu’on fait appel à un des sens. L’odorat est assez peu développé naturellement, on compte moins dessus au quotidien, de moins en moins.
Jusqu’à quand ?
Avant qu’il ne devienne lui-même inutile ?
Lentement il te regarde et il attend. Il t'attends toi. Que tu rouvres les yeux pour enfin te demander, ce que tu as senti.
« Normalement, tu devrais sentir la fleur en premier. »
Pas celle dans sa main, celle sur sa peau. Et il ne te demande pas le plus important, ce qu’il voudrait savoir vraiment. Est-ce qu’elle t’a plu ?
C’est plus facile quand il pense que tu ne le vois pas.
Pas trop.
Pas assez pour le remarquer.
Il voit ta prudence et la méfiance naturelle que tu as pour la nature. Il comprend que tu es un citadin pure souche, comme lui tu sais. Rune aime les odeurs, il adore les collectionner et c’est ce qui le motive à aller les chercher. Mais lui aussi il a poussé en pleine ville, là où toutes les senteurs sont déjà dans des flacons.
Mais ici, il n’a pas le choix.
Alors c’est encore une petite violence qu’il a dû s’infliger.
Surpasser sa peur, oublier les angoisses que la solitude de la nature font remonter.
A chaque pas, un peu plus loin, une victoire.
Alors il te laisse le temps, parce qu’il sait que tu en as besoin. Il te laisse faire tes premiers pas à toi, pour le rejoindre. Tu as le droit, à tout moment Lucerys, de faire demi-tour. De lui dire que tu ne peux pas, que tu ne veux pas. Il fera le chemin inverse avec toi, déjà heureux du petit pas que tu auras franchi.
Et son sourire se fait plus doux, ses yeux pétillent un instant de ton contact, pour venir sentir au creux de sa paume. Il regarde les rayons du soleil se refléter sur tes cils noirs, qui dessinent des ombres sur tes pommettes lorsque tu fermes les yeux. Le pas que tu as franchi est immense Lucerys, il espère que tu en es conscient, que tu en seras fier aussi, un peu.
Ce sont ses cils à lui, qui papillonnent très vite lorsque tes doigts dérivent sur son poignet alors qu’il pensait que tu allais le lâcher au plus vite. Il se souvient, que le contact ne semble pas t’être familier ou agréable, là où lui serait prêt à se damner pour ça. Mais il ne bouge pas, presque effrayé à l’idée de te faire fuir s’il respire ne serait-ce que trop fort.
Vas-tu remarquer ?
Les frissons.
La chair de poule.
Qui suivent tes doigts où qu’ils passent.
Elle s’est bloquée dans sa gorge, sa respiration. Pour ne pas briser le moment et pour ne pas te déconcentrer. C’est important la concentration, lorsqu’on fait appel à un des sens. L’odorat est assez peu développé naturellement, on compte moins dessus au quotidien, de moins en moins.
Jusqu’à quand ?
Avant qu’il ne devienne lui-même inutile ?
Lentement il te regarde et il attend. Il t'attends toi. Que tu rouvres les yeux pour enfin te demander, ce que tu as senti.
« Normalement, tu devrais sentir la fleur en premier. »
Pas celle dans sa main, celle sur sa peau. Et il ne te demande pas le plus important, ce qu’il voudrait savoir vraiment. Est-ce qu’elle t’a plu ?
Il n’a pas remarqué, Rune.
Il n’a pas remarqué les frissons, la chair de poule. Ta respiration.
Pourtant, Lucerys remarque beaucoup de choses la plupart du temps. Mais pas là. Trop concentré. Concentré sur ce que tu sens, sur ce qu’il sent. Autour. Sur toi. Sur ce sens qu’il n’a jamais eu trop l’habitude d’utiliser. En danse on se sert de beaucoup de choses mais pas de son nez. Alors il te questionne des yeux.
Et son regard ne te lâche pas quand tu parles.
Mais sur ses joues la rougeur s’installe.
Lucerys se redresse légèrement. Garde ta main dans la sienne mais l’autre vole jusqu’à ton col. Et il ne demande rien. Attrape le tissu entre ses doigts et t’attire vers lui. S’impose (est-ce que c’est trop, Rune ?). Est-ce que c’est trop quand il vient presque enfouir son nez contre ta gorge ? Quand il inspire l’odeur, en cherche les saveurs ? Voudrait savoir les décortiquer aussi bien que toi mais ne sait pas faire ça.
“Oui, je la sens. Mais il y a autre chose. soufflé contre la peau C’est… pétillant. Plutôt frais. Acide ?”
Fronce les sourcils.
Inspire encore.
Serre les doigts peut-être un peu trop fort sur le col. Ne le remarque pas vraiment. Il essaye même si ce n’est pas son monde. Il essaye mais il a du mal et ça l’agace. Il savait pourtant. Il sait que ce sont des heures passées à s’entraîner. Qu’ils ont ça en commun, lui et Rune. Mais l’échec, Lucerys n’a pas eu à le gérer depuis longtemps. N’y a toujours remédié que par la persévérance. Travailler deux fois plus si besoin. Ne jamais abandonner.
Est-ce que c’est abandonner de dire qu’il ne sait pas ?
qu’il ne trouve pas ?
Lucerys se redresse et le gris tombe au creux du bleu.
Y reste encore.
Il ne semble pas se rendre compte de la proximité
ne semble pas en être gêné (pour le moment)
ne cherche qu’à savoir
qu’à comprendre son monde.
“Je ne sais pas, Rune.”
Déteste l’avouer.
S’écorche de le faire.
S’écorche un peu avec ses propres épines.
Il n’a pas remarqué les frissons, la chair de poule. Ta respiration.
Pourtant, Lucerys remarque beaucoup de choses la plupart du temps. Mais pas là. Trop concentré. Concentré sur ce que tu sens, sur ce qu’il sent. Autour. Sur toi. Sur ce sens qu’il n’a jamais eu trop l’habitude d’utiliser. En danse on se sert de beaucoup de choses mais pas de son nez. Alors il te questionne des yeux.
Et son regard ne te lâche pas quand tu parles.
Mais sur ses joues la rougeur s’installe.
Lucerys se redresse légèrement. Garde ta main dans la sienne mais l’autre vole jusqu’à ton col. Et il ne demande rien. Attrape le tissu entre ses doigts et t’attire vers lui. S’impose (est-ce que c’est trop, Rune ?). Est-ce que c’est trop quand il vient presque enfouir son nez contre ta gorge ? Quand il inspire l’odeur, en cherche les saveurs ? Voudrait savoir les décortiquer aussi bien que toi mais ne sait pas faire ça.
“Oui, je la sens. Mais il y a autre chose. soufflé contre la peau C’est… pétillant. Plutôt frais. Acide ?”
Fronce les sourcils.
Inspire encore.
Serre les doigts peut-être un peu trop fort sur le col. Ne le remarque pas vraiment. Il essaye même si ce n’est pas son monde. Il essaye mais il a du mal et ça l’agace. Il savait pourtant. Il sait que ce sont des heures passées à s’entraîner. Qu’ils ont ça en commun, lui et Rune. Mais l’échec, Lucerys n’a pas eu à le gérer depuis longtemps. N’y a toujours remédié que par la persévérance. Travailler deux fois plus si besoin. Ne jamais abandonner.
Est-ce que c’est abandonner de dire qu’il ne sait pas ?
qu’il ne trouve pas ?
Lucerys se redresse et le gris tombe au creux du bleu.
Y reste encore.
Il ne semble pas se rendre compte de la proximité
ne semble pas en être gêné (pour le moment)
ne cherche qu’à savoir
qu’à comprendre son monde.
“Je ne sais pas, Rune.”
Déteste l’avouer.
S’écorche de le faire.
S’écorche un peu avec ses propres épines.
Malgré tous vos moments, ceux que vous avez déjà passés ensemble, ceux qui vous attendent encore, ceux qui ne vous attendent pas mais qui vous seront tout de même offerts. Malgré tous ces instants que vous volez au temps, c’est la toute première fois qu’il te voit d’aussi près.
Les boucles de tes cheveux.
Les courbes de tes cils.
Les jolies tâches qui fleurissent sur ta peau.
Il penche très légèrement la tête, pour mieux te voir et pour répondre à ton regard interrogatif, de ses yeux qui pétillent et de son sourire ravi. Il ne pense pas du tout à s’éloigner, lui. Il pense plutôt à se rapprocher, il se demande à quoi ressemble la rougeur de tes joues, d’encore plus près. Et il a l’impression de perdre pied lorsque tu le tires jusqu’à toi, que son cœur explose et que le sol s’ouvre sous ses pieds.
Le vertige est démesuré.
Alors il a un besoin vital d'accrocher une de ses mains à ton épaule.
Pour ne pas tomber.
Pour ne pas trop te bousculer.
C’est sur ton nez à quelques souffles de sa gorge, ton souffle qu’il sent sur sa peau qu’il se concentre. Pour retrouver le sien, de souffle, alors que son nez à lui effleure les boucles noires de tes cheveux, y cueille ton odeur à toi. Celle de ton shampoing, de la lessive imprégnée dans tes vêtements. Celle de ta peau, qui ne t’appartient qu’à toi.
C’est sans bouger, suivant du bout de son nez la soie d’ébène jusqu’au front, puis jusqu’à l’oreille qu’il effleure sans la toucher qu’il prend son temps pour te découvrir autant qu’il t’en laisse pour que tu le découvres, toi.
« Oui, la fleur c’est le lilas mais tu as raison. Il y a même deux autres notes importantes, tu en as presque identifié une puisque c’est un agrume. »
C’est presque murmuré, pour ne pas perturber ta concentration, pour ne pas faire voler en éclat cet instant précieux qu’il prend comme un cadeau que tu lui fais. Tu ne sais pas Lucerys, mais il en a désespérément besoin de ce contact, de cette chaleur que tu dégages. Il se réchauffe la peau sous ton toucher pourtant encore léger.
Et sa main ancrée à ton épaule se desserre doucement pour remonter sur ta clavicule jusqu’à la naissance de ton cou et s’y abandonne là. Parce qu’il sait qu’il doit te lâcher et ne pas resserrer sa prise sur toi, te laisser t’éloigner et qu’il n’en a pas envie.
Lui, il voudrait rester là.
Rester tout près de toi en cet instant.
Juste encore un peu.
« C’est de la bergamote, l’agume je veux dire. »
Alors il a fermé les yeux, pour profiter de l’instant et ne pas te regarder t’en aller. Parce que c’est plus simple aussi comme ça, quand il ne te voit pas.
Plus simple de respirer.
Plus simple de te laisser t’éloigner.
« C’est l'arôme du thé Earl Grey, par exemple. »
A ses pieds, les fleurs de pommier qu’il a laissées glisser. Tu l’intéresses bien plus qu’elles, à cet instant.
Les boucles de tes cheveux.
Les courbes de tes cils.
Les jolies tâches qui fleurissent sur ta peau.
Il penche très légèrement la tête, pour mieux te voir et pour répondre à ton regard interrogatif, de ses yeux qui pétillent et de son sourire ravi. Il ne pense pas du tout à s’éloigner, lui. Il pense plutôt à se rapprocher, il se demande à quoi ressemble la rougeur de tes joues, d’encore plus près. Et il a l’impression de perdre pied lorsque tu le tires jusqu’à toi, que son cœur explose et que le sol s’ouvre sous ses pieds.
Le vertige est démesuré.
Alors il a un besoin vital d'accrocher une de ses mains à ton épaule.
Pour ne pas tomber.
Pour ne pas trop te bousculer.
C’est sur ton nez à quelques souffles de sa gorge, ton souffle qu’il sent sur sa peau qu’il se concentre. Pour retrouver le sien, de souffle, alors que son nez à lui effleure les boucles noires de tes cheveux, y cueille ton odeur à toi. Celle de ton shampoing, de la lessive imprégnée dans tes vêtements. Celle de ta peau, qui ne t’appartient qu’à toi.
C’est sans bouger, suivant du bout de son nez la soie d’ébène jusqu’au front, puis jusqu’à l’oreille qu’il effleure sans la toucher qu’il prend son temps pour te découvrir autant qu’il t’en laisse pour que tu le découvres, toi.
« Oui, la fleur c’est le lilas mais tu as raison. Il y a même deux autres notes importantes, tu en as presque identifié une puisque c’est un agrume. »
C’est presque murmuré, pour ne pas perturber ta concentration, pour ne pas faire voler en éclat cet instant précieux qu’il prend comme un cadeau que tu lui fais. Tu ne sais pas Lucerys, mais il en a désespérément besoin de ce contact, de cette chaleur que tu dégages. Il se réchauffe la peau sous ton toucher pourtant encore léger.
Et sa main ancrée à ton épaule se desserre doucement pour remonter sur ta clavicule jusqu’à la naissance de ton cou et s’y abandonne là. Parce qu’il sait qu’il doit te lâcher et ne pas resserrer sa prise sur toi, te laisser t’éloigner et qu’il n’en a pas envie.
Lui, il voudrait rester là.
Rester tout près de toi en cet instant.
Juste encore un peu.
« C’est de la bergamote, l’agume je veux dire. »
Alors il a fermé les yeux, pour profiter de l’instant et ne pas te regarder t’en aller. Parce que c’est plus simple aussi comme ça, quand il ne te voit pas.
Plus simple de respirer.
Plus simple de te laisser t’éloigner.
« C’est l'arôme du thé Earl Grey, par exemple. »
A ses pieds, les fleurs de pommier qu’il a laissées glisser. Tu l’intéresses bien plus qu’elles, à cet instant.
Oh. Il n’avait pas senti jusque là. Perdu au milieu de ses sens. Perdu au milieu de tes mots. Des explications que tu apportes. Des réponses que tu lui donnes. De la bergamote. Il n'aurait pas deviné. N'aurait pas deviné comme il n'a pas senti.
Comment son cœur s’est emballé.
Comment son souffle s’est raccourci.
Comment son corps s’est mis si doucement à trembler.
Comment ses mains se sont resserrées encore sur le col.
Comment elles se sont resserrées sur les tiennes, aussi.
Il n'avait pas senti tout ça. Ne sait pas quoi en faire. Et puis il n'avait pas senti non plus.
Les doigts à la naissance de sa gorge.
La chaleur sur sa peau.
Le souffle emmêlé au sien.
N'avait pas vu tes yeux fermés.
Ne sait pas comme les siens sont troublés à cet instant.
Oh. Lucerys a l'impression que le tiroir déborde et il n'est pas assez rapide pour tout récupérer. Alors son corps se penche un peu vers le tien. Son front vient s'échouer juste là. Au creux de ton épaule. Et sa main lâche la tienne, se dépose sur celle qui couvre son cou. Tu sens comme elle tremble, Rune ? Tu sens comme il tremble durant ces secondes qu'il vous accorde ? Et est-ce que tu la sens sa respiration qui tempête ? Ses inspirations, ses expirations trop rapides ? L'effort que ça lui demande d'essayer de rattraper tout ce qui vole en éclat dans sa poitrine ?
Il sent son pouls frapper contre ses tempes.
À quel point sa gorge est serrée.
Semble s'accrocher à toi d'un coup parce qu'il a peur de tomber. De s'effondrer. De se briser d'un seul coup si tu le bouscules encore. Mais est-ce que tu ne l'as pas déjà bousculé malgré toi ? Peut-être qu'il aurait dû laisser ses épines te faire du mal, Rune. Peut-être qu'il aurait dû continuer à te faire du mal pour ne pas s'en faire. Est-ce qu'il s'en fait ? Il ne sait pas. Il ne sait plus rien actuellement. Plus rien à part que le tiroir continue de se déverser. Qu'il fait de son mieux pour tout rattraper. Pour tout y ranger de nouveau.
“Ne bouge pas.”
Ne le bouscule pas, Rune.
Ne le bouscule pas plus que tu ne le fais déjà.
Il n'est pas sûr de pouvoir le supporter.
Et si tu t'écartes il est sûr de s'écrouler, désormais.
Alors il reste comme ça. Accroché à toi. Sans plus savoir s'il respire. Sans plus savoir comment fermer le tiroir. Les secondes passent et elles sont longues. Et il faut attendre encore pour que le cœur ralentisse. Pour que les tremblements s'apaisent. Pour qu'il reprenne le contrôle et que tout reprenne sa place.
Il ne se souvient plus depuis quand ça n'était pas arrivé.
Que le tiroir déborde, peut-être plus depuis la mort de Granny.
Enfermée avec le reste cette pensée alors qu'il reprend contenance.
Alors qu'il s'écarte. S'échappe. Pour que tu ne le fasses plus déborder.
Ne te regarde pas en le faisant.
“On devrait continuer.”
Murmuré.
C’est un moment hors du temps que tu leur accorde Lucerys, Rune le sait. Il le sait au plus profond de lui, à quel point tu es différent de lui, à quel point tout déborde en toi, à quel point celà te coûte. De simplement rester là, de t’y blottir l’espace d’un instant trop court. Bien trop court pour qu’il en ait assez, bien trop long pour que ça ne soit pas trop, pour toi.
Alors en lui tout s’est figé à ton contact, pour ne pas t’effrayer, il en a même arrêté de respirer. Pour ne pas être de trop pour toi. Il a pourtant eu envie, de te prendre dans ses bras doucement, de glisser sa main de ta gorge à ta nuque, pour venir caresser du bout des doigts la naissance de tes cheveux juste à. Mais il n’en a rien fait.
Il a préféré t’attendre, toi.
Attendre qu’enfin ta main sur la sienne ne cesse de trembler.
Qu’enfin dans ton souffle, dans tes yeux et dans ton cœur le soleil brille enfin.
Il reste là, contre toi, à écouter tes paroles, ta demande, ton ordre. Mais cet ordre-là ne provoque pas en lui le rejet qu’il a ressenti lorsque la fiole de Valérien était entre tes doigts. Ton ordre caresse son oreille et il étire les courbures de son sourire, à peine - presque invisibles.
« Non, je ne bouge pas. »
C’est murmuré, de son souffle si proche de toi et pourtant déjà si loin tandis que ta main dans la sienne semble glacée. Il ne sait pas comment t’aider, comment te réchauffer. Il ne sait pas, si c’est toi qui à son contact va finir par s’embraser ou bien lui à tes côtés qui finira par geler.
Et soudain, tu n’es plus là.
Et soudain déjà, il a froid.
Et soudain déjà, tu ne le regardes plus.
Alors il se plie, doucement comme une fougère qui se prépare à la nuit, il replie lentement sa longue silhouette vers le sol pour y ramasser du bout des doigts les fleurs qu’il a fait tomber. Dans son sac, il y a un flacon de verre étanche rempli d’un mélange transparent dont il ouvre le couvercle et dans lequel il glisse avec toute la tendresse qu’il lui reste, les pétales froissés.
Par ses mains, qui les ont cueillies.
Par ses mains, qui les ont serrées.
Par ses mains, qui les ont lachées.
Très vite, le pot est rangé et lorsque Rune se relève si son visage conserve quelques couleurs, ses lèvres ont un sourire de circonstance et ses yeux te suivent tandis qu’il hoche la tête, des myriades de reflets d’or accompagnant le soleil et ses rayons dans ses cheveux.
« Oui, allons-y. »
Il te passe alors devant, d’une démarche assez lente pour que tu puisses le suivre lui et ses grands pas. Il n’a pas envie de te tourner le dos, mais il ne veut pas te mettre mal à l’aise alors c’est de trois quart, en marchant, qu’il te désigne la prochaine destination d’un geste de mâchoire.
« On va aller à l’orée de la forêt sans trop s’y enfoncer. Je voudrais voir si je peux récupérer de la même écorce de pin que celle que je t’ai fait sentir. »
Celle qui va lui servir de base pour ton parfum, celui qu’il fera rien que pour toi.
Alors en lui tout s’est figé à ton contact, pour ne pas t’effrayer, il en a même arrêté de respirer. Pour ne pas être de trop pour toi. Il a pourtant eu envie, de te prendre dans ses bras doucement, de glisser sa main de ta gorge à ta nuque, pour venir caresser du bout des doigts la naissance de tes cheveux juste à. Mais il n’en a rien fait.
Il a préféré t’attendre, toi.
Attendre qu’enfin ta main sur la sienne ne cesse de trembler.
Qu’enfin dans ton souffle, dans tes yeux et dans ton cœur le soleil brille enfin.
Il reste là, contre toi, à écouter tes paroles, ta demande, ton ordre. Mais cet ordre-là ne provoque pas en lui le rejet qu’il a ressenti lorsque la fiole de Valérien était entre tes doigts. Ton ordre caresse son oreille et il étire les courbures de son sourire, à peine - presque invisibles.
« Non, je ne bouge pas. »
C’est murmuré, de son souffle si proche de toi et pourtant déjà si loin tandis que ta main dans la sienne semble glacée. Il ne sait pas comment t’aider, comment te réchauffer. Il ne sait pas, si c’est toi qui à son contact va finir par s’embraser ou bien lui à tes côtés qui finira par geler.
Et soudain, tu n’es plus là.
Et soudain déjà, il a froid.
Et soudain déjà, tu ne le regardes plus.
Alors il se plie, doucement comme une fougère qui se prépare à la nuit, il replie lentement sa longue silhouette vers le sol pour y ramasser du bout des doigts les fleurs qu’il a fait tomber. Dans son sac, il y a un flacon de verre étanche rempli d’un mélange transparent dont il ouvre le couvercle et dans lequel il glisse avec toute la tendresse qu’il lui reste, les pétales froissés.
Par ses mains, qui les ont cueillies.
Par ses mains, qui les ont serrées.
Par ses mains, qui les ont lachées.
Très vite, le pot est rangé et lorsque Rune se relève si son visage conserve quelques couleurs, ses lèvres ont un sourire de circonstance et ses yeux te suivent tandis qu’il hoche la tête, des myriades de reflets d’or accompagnant le soleil et ses rayons dans ses cheveux.
« Oui, allons-y. »
Il te passe alors devant, d’une démarche assez lente pour que tu puisses le suivre lui et ses grands pas. Il n’a pas envie de te tourner le dos, mais il ne veut pas te mettre mal à l’aise alors c’est de trois quart, en marchant, qu’il te désigne la prochaine destination d’un geste de mâchoire.
« On va aller à l’orée de la forêt sans trop s’y enfoncer. Je voudrais voir si je peux récupérer de la même écorce de pin que celle que je t’ai fait sentir. »
Celle qui va lui servir de base pour ton parfum, celui qu’il fera rien que pour toi.
Comme une fleur à l’orée de la nuit, Lucerys s’est refermé.
Le corps s’est détourné. Le visage s’est éteint.
Le regard fixe le sol et les pétales qui s’y meurent. Sans vraiment les voir. Lui aussi a l’air un peu fané. Un peu fatigué. Et il attend que Rune se remette en route le premier, se glisse au creux de ses pas. Effacé. Un peu recroquevillé au creux des vêtements trop grands. Le suit et ses jambes lui paraissent lourdes. Maladroites. Il trébuche sur son propre poids et ça ne lui arrive jamais. Alors il hésite, l’espace d’un instant, à tout arrêter. À tout gâcher pour rentrer. Retrouver sa zone de confort. Lui fermer la porte au nez et profiter du silence.
Et l’espace d’un instant, ses pas ralentissent.
Son regard s’évade vers les bâtiments un peu plus loin.
Mais ta voix le ramène à la réalité. C’est pour ce monde d’odeurs que vous êtes là. Ce monde auquel tu essayes de l’initier. Et puis pour lui, aussi. Pour ce parfum que tu vas créer pour lui. Oh, Rune, si tu savais à quel point il ne te mérite pas. À quel point il pourrait te gâcher avec ses ombres, avec sa froideur, avec ses vides et ses bosses, avec ses mots qui tranchent et brisent. Oh, Rune, ton feu il risque de l’étouffer même s’il est de charbon et tu sais il déteste l’idée mais il ne sait pas comment faire autrement.
“D’accord.” Souffle trop bas, finalement. Détache son regard de la ville en contrebas et continue son chemin vers toi. Vers la forêt. “C’est ici que tu as été trop loin ?” Il demande. Semble à peine oser.
Regarde le couvert des arbres un peu plus loin.
Et puis finalement, te regarde toi.
Toi et le soleil qui irradie tes cheveux blonds.
Qui y étincelle sa poudre d’or.
Tu sembles fait pour ça. Pour la chaleur. Pour briller sous les rayons. Pour te tenir loin de sa nuit et de sa froideur. Pourtant tu ne cesses de venir à sa rencontre. Tu t’entêtes et tu pourrais presque rentrer de nouveau sans frapper dans sa chambre, tu sais ? Ça ne l’agacerait sans doute plus autant. Lucerys s’habitue lentement à ta présence. Apprend doucement à lire sur ton visage, à deviner dans tes sourires quand ça va ou quand ça va moins bien.
Remarque tes subtilités.
Les cherche sans vraiment le remarquer.
Curieux de toi qui t’accroche à lui.
Curieux de toi qui n’essaye pas (volontairement) de le blesser.
“Pourquoi je suis là, Rune ?” Soudainement. “Pourquoi moi, je veux dire ? Je ne suis pas le plus…” La bouche se tord légèrement. “Je ne suis pas le plus adapté.”
À ces moments.
À cet endroit.
À toi.
Le corps s’est détourné. Le visage s’est éteint.
Le regard fixe le sol et les pétales qui s’y meurent. Sans vraiment les voir. Lui aussi a l’air un peu fané. Un peu fatigué. Et il attend que Rune se remette en route le premier, se glisse au creux de ses pas. Effacé. Un peu recroquevillé au creux des vêtements trop grands. Le suit et ses jambes lui paraissent lourdes. Maladroites. Il trébuche sur son propre poids et ça ne lui arrive jamais. Alors il hésite, l’espace d’un instant, à tout arrêter. À tout gâcher pour rentrer. Retrouver sa zone de confort. Lui fermer la porte au nez et profiter du silence.
Et l’espace d’un instant, ses pas ralentissent.
Son regard s’évade vers les bâtiments un peu plus loin.
Mais ta voix le ramène à la réalité. C’est pour ce monde d’odeurs que vous êtes là. Ce monde auquel tu essayes de l’initier. Et puis pour lui, aussi. Pour ce parfum que tu vas créer pour lui. Oh, Rune, si tu savais à quel point il ne te mérite pas. À quel point il pourrait te gâcher avec ses ombres, avec sa froideur, avec ses vides et ses bosses, avec ses mots qui tranchent et brisent. Oh, Rune, ton feu il risque de l’étouffer même s’il est de charbon et tu sais il déteste l’idée mais il ne sait pas comment faire autrement.
“D’accord.” Souffle trop bas, finalement. Détache son regard de la ville en contrebas et continue son chemin vers toi. Vers la forêt. “C’est ici que tu as été trop loin ?” Il demande. Semble à peine oser.
Regarde le couvert des arbres un peu plus loin.
Et puis finalement, te regarde toi.
Toi et le soleil qui irradie tes cheveux blonds.
Qui y étincelle sa poudre d’or.
Tu sembles fait pour ça. Pour la chaleur. Pour briller sous les rayons. Pour te tenir loin de sa nuit et de sa froideur. Pourtant tu ne cesses de venir à sa rencontre. Tu t’entêtes et tu pourrais presque rentrer de nouveau sans frapper dans sa chambre, tu sais ? Ça ne l’agacerait sans doute plus autant. Lucerys s’habitue lentement à ta présence. Apprend doucement à lire sur ton visage, à deviner dans tes sourires quand ça va ou quand ça va moins bien.
Remarque tes subtilités.
Les cherche sans vraiment le remarquer.
Curieux de toi qui t’accroche à lui.
Curieux de toi qui n’essaye pas (volontairement) de le blesser.
“Pourquoi je suis là, Rune ?” Soudainement. “Pourquoi moi, je veux dire ? Je ne suis pas le plus…” La bouche se tord légèrement. “Je ne suis pas le plus adapté.”
À ces moments.
À cet endroit.
À toi.
Il aime toutes les fleurs tu sais, Lucerys.
Même celles qui se ferment la nuit, même celles qui ne poussent qu’en plein hiver.
Même celles qui ont d’aussi jolies épines que toi.
Il les a presque senties sur sa peau, le repousser dans un système de défense qu’il n’a pas manqué de remarquer. Pourtant il ne sait pas comment t’aider, comment revenir vers toi sans s’y érafler la peau, le cœur. Alors dans tes silences il cherche tes yeux et dans ses pas il espère que tu trouveras un peu de réconfort lorsque tu glisseras les tiens. Devant toi, son pas s’est ralenti, pour te laisser le choix, de faire demi-tour si tu en as envie. Ses dents mordillent avec nervosité sa lèvre, c’est qu’il se sent un peu coupable tu sais, Lucerys.
Parce que c’est lui qui t’a proposé cette sortie.
C’est lui, qui t’a entraîné là où tu n’avais pas très envie d’aller, et il le savait.
C’est lui, qui finalement a l’impression de ne pas t’avoir laissé trop le choix que de le suivre.
Enfin, c’est lui qui aurait dû te laisser ton espace, respecter tes distances tacites.
Alors sa bouche s’ouvre mais il ne trouve pas sa voix, ne la trouve pas pour te dire ce qu’il aurait aimé te proposer. De te raccompagner, te dire que ce n’est pas grave en réalité, que vous avez déjà fait une jolie promenade et que c’est déjà bien. Te dire merci, avec ses sourires et ses soleils, de l’avoir déjà accompagné jusqu’ici, pour tous les efforts que tu as déployés jusque-là. Te dire enfin que ça ne change rien, qu’il reviendra tout seul pour récupérer ce dont il a besoin, c’est ce qu’il a fait jusqu’ici, ce qu’il fait depuis toujours.
Mais le souffle lui manque et sa voix reste bloquée contre la boule qui se noue dans sa gorge. Et pour la faire passer il déglutit quelques fois, pour l’avaler et enfin te souffler, tout bas sur un ton qu’il veut complice et apaisant.
« On est pas obligés tu sais ? »
Alors il hausse les épaules, se tournant vers la forêt qui était votre destination, de toute manière il n’avait pas vraiment prévu d’aller très loin et de s’y enfoncer véritablement. Il l’aurait voulu qu’il n’aurait pas pu, il ne peut plus depuis ce soir-là. Celui dont tu parles, celui qui rôde toujours derrière ses paupières closes et dans ses songes lorsqu’il s’endort. Et son regard s’abîme loin, derrière les arbres presque comme s’il semblait y retourner, rien qu’à y penser.
Sentir la chute.
Sentir la peur.
Sentir la douleur, sur sa tête et dans ses os.
Sur sa peau arrachée et constellée, qui a mis du temps à guérir.
Toujours moins de temps que ses souvenirs à s’effacer.
« Non, c’est plus loin. Il était plus tard, il faisait bien plus sombre. »
Au moment où il a définitivement perdu son chemin, où il a senti le vide sous ses pas. C’est peut-être une bonne idée, de faire demi-tour finalement. Parce que de toute manière il n’a pas l’intention de te laisser, de te lâcher, même si vous décidez de rentrer. Alors il continue de te sourire doucement.
« Parce que j’avais envie de venir avec toi. »
C’est murmuré comme un secret, parce qu’il avait l’impression que tu t'intéressais un peu à tout ça.
Aux odeurs et aux parfums.
À ce qu’il fait.
À lui.
« Mais je ne veux pas que ça devienne trop difficile pour toi. Tu es parfaitement adapté, c’est moi qui n’ai pas trop réfléchi je suis désolé. »
Mais il a l’impression que ce n’est pas assez, que ce n’est pas suffisant. Alors il insiste un peu, en se penchant vers toi pour directement plonger ses yeux dans les tiens, sans te toucher.
« Tu es parfaitement adapté, Lucerys. »
Même celles qui se ferment la nuit, même celles qui ne poussent qu’en plein hiver.
Même celles qui ont d’aussi jolies épines que toi.
Il les a presque senties sur sa peau, le repousser dans un système de défense qu’il n’a pas manqué de remarquer. Pourtant il ne sait pas comment t’aider, comment revenir vers toi sans s’y érafler la peau, le cœur. Alors dans tes silences il cherche tes yeux et dans ses pas il espère que tu trouveras un peu de réconfort lorsque tu glisseras les tiens. Devant toi, son pas s’est ralenti, pour te laisser le choix, de faire demi-tour si tu en as envie. Ses dents mordillent avec nervosité sa lèvre, c’est qu’il se sent un peu coupable tu sais, Lucerys.
Parce que c’est lui qui t’a proposé cette sortie.
C’est lui, qui t’a entraîné là où tu n’avais pas très envie d’aller, et il le savait.
C’est lui, qui finalement a l’impression de ne pas t’avoir laissé trop le choix que de le suivre.
Enfin, c’est lui qui aurait dû te laisser ton espace, respecter tes distances tacites.
Alors sa bouche s’ouvre mais il ne trouve pas sa voix, ne la trouve pas pour te dire ce qu’il aurait aimé te proposer. De te raccompagner, te dire que ce n’est pas grave en réalité, que vous avez déjà fait une jolie promenade et que c’est déjà bien. Te dire merci, avec ses sourires et ses soleils, de l’avoir déjà accompagné jusqu’ici, pour tous les efforts que tu as déployés jusque-là. Te dire enfin que ça ne change rien, qu’il reviendra tout seul pour récupérer ce dont il a besoin, c’est ce qu’il a fait jusqu’ici, ce qu’il fait depuis toujours.
Mais le souffle lui manque et sa voix reste bloquée contre la boule qui se noue dans sa gorge. Et pour la faire passer il déglutit quelques fois, pour l’avaler et enfin te souffler, tout bas sur un ton qu’il veut complice et apaisant.
« On est pas obligés tu sais ? »
Alors il hausse les épaules, se tournant vers la forêt qui était votre destination, de toute manière il n’avait pas vraiment prévu d’aller très loin et de s’y enfoncer véritablement. Il l’aurait voulu qu’il n’aurait pas pu, il ne peut plus depuis ce soir-là. Celui dont tu parles, celui qui rôde toujours derrière ses paupières closes et dans ses songes lorsqu’il s’endort. Et son regard s’abîme loin, derrière les arbres presque comme s’il semblait y retourner, rien qu’à y penser.
Sentir la chute.
Sentir la peur.
Sentir la douleur, sur sa tête et dans ses os.
Sur sa peau arrachée et constellée, qui a mis du temps à guérir.
Toujours moins de temps que ses souvenirs à s’effacer.
« Non, c’est plus loin. Il était plus tard, il faisait bien plus sombre. »
Au moment où il a définitivement perdu son chemin, où il a senti le vide sous ses pas. C’est peut-être une bonne idée, de faire demi-tour finalement. Parce que de toute manière il n’a pas l’intention de te laisser, de te lâcher, même si vous décidez de rentrer. Alors il continue de te sourire doucement.
« Parce que j’avais envie de venir avec toi. »
C’est murmuré comme un secret, parce qu’il avait l’impression que tu t'intéressais un peu à tout ça.
Aux odeurs et aux parfums.
À ce qu’il fait.
À lui.
« Mais je ne veux pas que ça devienne trop difficile pour toi. Tu es parfaitement adapté, c’est moi qui n’ai pas trop réfléchi je suis désolé. »
Mais il a l’impression que ce n’est pas assez, que ce n’est pas suffisant. Alors il insiste un peu, en se penchant vers toi pour directement plonger ses yeux dans les tiens, sans te toucher.
« Tu es parfaitement adapté, Lucerys. »
Il ne s’attendait pas à ce que tu lui offres une porte de sortie. Hésite. Ne la prend pas. Décide d’être un peu courageux. De pourquoi vous êtes là. Pas pour que tu le bouscules, non, il sait que c’était pas volontaire. Il sait qu’il a ses torts, lui aussi. Qu’il n’aurait pas dû pousser au delà de ses propres limites quand il est resté trop longtemps avec ses mains sur les tiennes. Quand il est venu se lover tout proche de ton cou.
Alors ensemble ils reprennent leur chemin.
Et Rune répond à la question.
Il n’y a pas de détails.
Lucerys n’en a pas besoin.
Veut juste savoir où se trouve le seuil de ce qui te fait si peur.
Et puis il te demande. Pourquoi lui. Et Oh.
Oh il y a une rougeur qui éclate sur ses joues.
Ses yeux gris te regardent et puis se détournent doucement.
Surveillent la progression de vos pas.
Mais au fond de sa tête il savoure un peu le son de cette phrase.
Une accalmie. Juste avant les suivantes.
“Non, Rune. Et là, juste au coin de ses lèvres, la lueur pâle d’un sourire un peu triste. Non, je ne suis pas adapté. Soufflé. Je ne connais rien d’autre que la ville. Ses bruits, ses odeurs. Je n’ai jamais rien fait d’autre que danser. Mais il ne danse plus. Il ne sait même pas pourquoi. Je suis destiné au plancher des opéras. À la grandeur des étoiles. Pas à se salir les mains dans la boue. Je ne suis pas adapté. Je ne suis pas adapté à ce monde. À cet endroit. Valérien l’est. Pas moi.”
L’esquisse sur sa bouche s’est effacée.
Le regard est noyé au fond du tien et Lucerys s’y accroche, tu sais.
Il s’y accroche et il aimerait s’accrocher aussi à tes mots.
Mais il ne sait plus vraiment comment faire.
“Mais je peux essayer.” Murmuré, encore.
Est-ce que c’est trop difficile ? Sans doute.
Mais ça l’est encore plus d’essayer de ne pas te blesser.
De ne pas briser ton soleil et tes sourires.
De se laisser un peu bousculer.
“Je veux essayer.” Rectifie doucement.
Essayer d’entrer dans ton monde.
Essayer, peut-être un jour, de t’ouvrir le sien.
Essayer de s’adapter un peu même si c’est dur.
“J’essaye déjà, je crois.”
C’est peut-être le plus important. Lucerys essaye. Au départ juste pour que tes visites dans la chambre ne soient pas un calvaire pour vous deux.
Et maintenant ?
Peut-être juste parce qu’il a envie.
Découvre cette possibilité lui qui a toujours été seul.
Alors ensemble ils reprennent leur chemin.
Et Rune répond à la question.
Il n’y a pas de détails.
Lucerys n’en a pas besoin.
Veut juste savoir où se trouve le seuil de ce qui te fait si peur.
Et puis il te demande. Pourquoi lui. Et Oh.
Oh il y a une rougeur qui éclate sur ses joues.
Ses yeux gris te regardent et puis se détournent doucement.
Surveillent la progression de vos pas.
Mais au fond de sa tête il savoure un peu le son de cette phrase.
Une accalmie. Juste avant les suivantes.
“Non, Rune. Et là, juste au coin de ses lèvres, la lueur pâle d’un sourire un peu triste. Non, je ne suis pas adapté. Soufflé. Je ne connais rien d’autre que la ville. Ses bruits, ses odeurs. Je n’ai jamais rien fait d’autre que danser. Mais il ne danse plus. Il ne sait même pas pourquoi. Je suis destiné au plancher des opéras. À la grandeur des étoiles. Pas à se salir les mains dans la boue. Je ne suis pas adapté. Je ne suis pas adapté à ce monde. À cet endroit. Valérien l’est. Pas moi.”
L’esquisse sur sa bouche s’est effacée.
Le regard est noyé au fond du tien et Lucerys s’y accroche, tu sais.
Il s’y accroche et il aimerait s’accrocher aussi à tes mots.
Mais il ne sait plus vraiment comment faire.
“Mais je peux essayer.” Murmuré, encore.
Est-ce que c’est trop difficile ? Sans doute.
Mais ça l’est encore plus d’essayer de ne pas te blesser.
De ne pas briser ton soleil et tes sourires.
De se laisser un peu bousculer.
“Je veux essayer.” Rectifie doucement.
Essayer d’entrer dans ton monde.
Essayer, peut-être un jour, de t’ouvrir le sien.
Essayer de s’adapter un peu même si c’est dur.
“J’essaye déjà, je crois.”
C’est peut-être le plus important. Lucerys essaye. Au départ juste pour que tes visites dans la chambre ne soient pas un calvaire pour vous deux.
Et maintenant ?
Peut-être juste parce qu’il a envie.
Découvre cette possibilité lui qui a toujours été seul.
Rune s’attendait à ce que toi tu la prennes, la porte de sortie. Il ne t’en aurais pas voulu, il aurait même compris. Parce qu’au fond tu sais Lucerys, vous n’êtes pas si différents lui et toi. Alors lorsque tu refuses tout en lui se fait plus doux, ses yeux et son sourire, sa voix et sa peau. Il ne te remercie pas mais il le pense pourtant.
Merci de faire ce pas vers lui.
Merci de faire l’effort d’essayer.
Merci de ne pas déjà l’avoir abandonné.
Car il sait bien Rune, qu’il est souvent trop. Et que c’est pour cette raison bien souvent qu’on choisit de l’abandonner, parce que c’est facile aussi, de croire que parce qu’il est trop, il s’en remettra bien vite. Ou bien simplement qu’il n’avait qu’à pas l’être, trop.
Trop volatile.
Trop bruyant.
Trop fragile.
Alors lorsqu’il a compris - très vite en réalité Lucerys- que pour toi aussi c’était trop, il a vraiment cru qu’il allait te perdre comme ça. Que tu allais baisser les bras, et le laisser là. Tu en aurais eu tous les droits, et il aurait compris. Et pour toi il n’a que de la chaleur et des sourires à offrir en récompense, en excuses aussi, peut-être.
Lorsque tu lui parles, que tu t’ouvres un peu à lui, il ne t’approche pas tu sais, il ne t’approche plus. Pour ne pas te faire souffrir, un peu plus que ce que tu souffres déjà, que ce que tu as déjà souffert. Il ne souhaite pas devenir une mauvaise expérience, un souvenir au goût amer que tu finirais par ranger dans ton tiroir. Lui aussi.
« Moi non plus tu sais, je ne connaissais rien d’autre. »
Il inspire comme pour se rappeler, les odeurs de la ville. Ses lumières à la nuit tombée, le goût de l’air dans ses poumons et les vues étriquées qu’il a toujours connues, avant ici. C’était bien plus facile alors, de faire ce qu’il fait lorsqu’il avait tout à disposition dans des éprouvettes étiquetées. C’était bien plus facile de s’éteindre à l’abri des regards dans les ombres de la ville.
« Je suis né dans une ville moyenne, mais on a rapidement déménagé. A Oslo, je veux dire. Je ne suis pas plus adapté que toi. »
Il y a du soleil et du miel doré dans les sourires qu’il a pour toi. Parce qu’il t’écoute parler de la danse et tout scintille alors, il l’imagine et le visualise, ton monde. Celui des étoiles qui dansent, et ça le laisse avec le rêve au bout des lèvres et du cœur.
Il acquiesce doucement, parce qu’il a vu tes efforts, il les voit et il les aime. Il les chérit même, parce que même si lui te trouve adapté, il comprend que tu ne le vois pas comme ça. Et il sait d’expérience, qu’un autre que toi aurait déjà baissé les bras et tourné les talons.
« Oui, tu essaies déjà. Tu as même déjà beaucoup accompli, je trouve. »
Il cherche tes yeux, pour que tu puisses y plonger les tiens, comprendre à quel point il est sérieux et il pense ce qu’il dit. A quel point il veut te faire comprendre.
Que tes efforts en valent le coup.
Que tes efforts sont beaux.
Qu’ils sont précieux.
« Et je vais essayer aussi d’accord ? »
De ne pas te bousculer.
De ne pas bêtement se blesser sur des épines qu’il pouvait éviter.
D’être trop.
Merci de faire ce pas vers lui.
Merci de faire l’effort d’essayer.
Merci de ne pas déjà l’avoir abandonné.
Car il sait bien Rune, qu’il est souvent trop. Et que c’est pour cette raison bien souvent qu’on choisit de l’abandonner, parce que c’est facile aussi, de croire que parce qu’il est trop, il s’en remettra bien vite. Ou bien simplement qu’il n’avait qu’à pas l’être, trop.
Trop volatile.
Trop bruyant.
Trop fragile.
Alors lorsqu’il a compris - très vite en réalité Lucerys- que pour toi aussi c’était trop, il a vraiment cru qu’il allait te perdre comme ça. Que tu allais baisser les bras, et le laisser là. Tu en aurais eu tous les droits, et il aurait compris. Et pour toi il n’a que de la chaleur et des sourires à offrir en récompense, en excuses aussi, peut-être.
Lorsque tu lui parles, que tu t’ouvres un peu à lui, il ne t’approche pas tu sais, il ne t’approche plus. Pour ne pas te faire souffrir, un peu plus que ce que tu souffres déjà, que ce que tu as déjà souffert. Il ne souhaite pas devenir une mauvaise expérience, un souvenir au goût amer que tu finirais par ranger dans ton tiroir. Lui aussi.
« Moi non plus tu sais, je ne connaissais rien d’autre. »
Il inspire comme pour se rappeler, les odeurs de la ville. Ses lumières à la nuit tombée, le goût de l’air dans ses poumons et les vues étriquées qu’il a toujours connues, avant ici. C’était bien plus facile alors, de faire ce qu’il fait lorsqu’il avait tout à disposition dans des éprouvettes étiquetées. C’était bien plus facile de s’éteindre à l’abri des regards dans les ombres de la ville.
« Je suis né dans une ville moyenne, mais on a rapidement déménagé. A Oslo, je veux dire. Je ne suis pas plus adapté que toi. »
Il y a du soleil et du miel doré dans les sourires qu’il a pour toi. Parce qu’il t’écoute parler de la danse et tout scintille alors, il l’imagine et le visualise, ton monde. Celui des étoiles qui dansent, et ça le laisse avec le rêve au bout des lèvres et du cœur.
Il acquiesce doucement, parce qu’il a vu tes efforts, il les voit et il les aime. Il les chérit même, parce que même si lui te trouve adapté, il comprend que tu ne le vois pas comme ça. Et il sait d’expérience, qu’un autre que toi aurait déjà baissé les bras et tourné les talons.
« Oui, tu essaies déjà. Tu as même déjà beaucoup accompli, je trouve. »
Il cherche tes yeux, pour que tu puisses y plonger les tiens, comprendre à quel point il est sérieux et il pense ce qu’il dit. A quel point il veut te faire comprendre.
Que tes efforts en valent le coup.
Que tes efforts sont beaux.
Qu’ils sont précieux.
« Et je vais essayer aussi d’accord ? »
De ne pas te bousculer.
De ne pas bêtement se blesser sur des épines qu’il pouvait éviter.
D’être trop.
Oh, tu n’as pas besoin de lui dire tu sais.
C’est l’inverse qui aurait été étonnant.
Mais tu es comme lui. Bien apprêté. Des jolis vêtements. Parfumé. Tu prends soin de toi comme il prend soin de lui. Ah, si tu savais qu’il a une routine pour sa tignasse tous les matins. Ou peut-être que tu le sais déjà. Que tu as compris. Il n’avait même pas besoin de le dire, ce n’est pas vraiment un secret qu’il n’est pas adapté.
Et pourtant il est là.
Pourtant il essaye.
C’est ce qui est important, n’est-ce pas ?
Essayer. Lui. Et toi aussi.
“D’accord, Rune.”
Soufflé entre vous. Ses yeux gris blottis au creux des tiens. Et puis s’enfuient plus loin, sur les arbres vers lesquels tu les dirigeais.
“On y va ?”
Collecter des écorces pour son parfum.
Collecter des plantes, des feuilles et des fleurs pour ceux des autres.
Il reprend leur chemin. Pas après pas, lentement. Écoute l’herbe craquer sous ses pieds. Sent son odeur ténue se disperser dans l’air.
“Oslo. Tu es Norvégien, alors ?”
Il demande après quelques secondes de vide.
Après quelques pas précautionneux au milieu des herbes hautes.
“J’aurais aimé y aller. Voir l’opéra.”
Le voir. Y danser. Oui, il aurait aimé ça.
Mais Lucerys n’a vu que le Royal House Opera.
Lucerys n’a jamais eu l’occasion d’aller ailleurs qu’à Londres.
Il était censé avoir le temps pour tout ça. Il n’était qu’aux prémices de sa carrière et le travail acharné allait apporter son lot d’opportunités. Au lieu de ça, il avait atterri ici. Comme ça, en poussant simplement une porte. La referme brusquement parce que ce serait trop bête d’avoir des regrets trop grands pour ce qu’il peut encaisser.
“Il a été construit pour ressembler à un iceberg. Mais ça tu dois le savoir, Rune. Il paraît qu’il est sublime. Que l’intérieur est tout en bois. En chêne, je crois ?”
Oh comme il aurait aimé y aller.
À Oslo. À Paris. À Sydney.
C’est l’inverse qui aurait été étonnant.
Mais tu es comme lui. Bien apprêté. Des jolis vêtements. Parfumé. Tu prends soin de toi comme il prend soin de lui. Ah, si tu savais qu’il a une routine pour sa tignasse tous les matins. Ou peut-être que tu le sais déjà. Que tu as compris. Il n’avait même pas besoin de le dire, ce n’est pas vraiment un secret qu’il n’est pas adapté.
Et pourtant il est là.
Pourtant il essaye.
C’est ce qui est important, n’est-ce pas ?
Essayer. Lui. Et toi aussi.
“D’accord, Rune.”
Soufflé entre vous. Ses yeux gris blottis au creux des tiens. Et puis s’enfuient plus loin, sur les arbres vers lesquels tu les dirigeais.
“On y va ?”
Collecter des écorces pour son parfum.
Collecter des plantes, des feuilles et des fleurs pour ceux des autres.
Il reprend leur chemin. Pas après pas, lentement. Écoute l’herbe craquer sous ses pieds. Sent son odeur ténue se disperser dans l’air.
“Oslo. Tu es Norvégien, alors ?”
Il demande après quelques secondes de vide.
Après quelques pas précautionneux au milieu des herbes hautes.
“J’aurais aimé y aller. Voir l’opéra.”
Le voir. Y danser. Oui, il aurait aimé ça.
Mais Lucerys n’a vu que le Royal House Opera.
Lucerys n’a jamais eu l’occasion d’aller ailleurs qu’à Londres.
Il était censé avoir le temps pour tout ça. Il n’était qu’aux prémices de sa carrière et le travail acharné allait apporter son lot d’opportunités. Au lieu de ça, il avait atterri ici. Comme ça, en poussant simplement une porte. La referme brusquement parce que ce serait trop bête d’avoir des regrets trop grands pour ce qu’il peut encaisser.
“Il a été construit pour ressembler à un iceberg. Mais ça tu dois le savoir, Rune. Il paraît qu’il est sublime. Que l’intérieur est tout en bois. En chêne, je crois ?”
Oh comme il aurait aimé y aller.
À Oslo. À Paris. À Sydney.
Tout doucement, Rune reste suspendu à tes souffles et tes soupirs et ce n’est que lorsque tu donnes à nouveau le signal de départ qu’il avance vers votre destination, à quelques pas. Il a l’impression de franchir mille lieues pourtant, jusqu’à l’orée de la forêt. C’est au creux des premiers arbres que l’ombre des feuilles le recouvre enfin, et que les dizaines de reflets dorés du soleil réverbéré sur ses cheveux s’éteignent. L’air plus frais soulève les frissons sur sa peau, et sans attendre Rune se mets à toucher les troncs, un par un.
Pour certains il s’arrête plus longtemps, approche son nez tout proche du bois, comme pour l’y frotter.
Puis se remet en marche, vérifiant régulièrement de regards et de sourires que tu suis bien son chemin. Oh tu es libre de tracer le tien, d’aller toi-même à la rencontre des différentes odeurs du sous-bois, c’est surtout lui qui a du mal à se détacher de toi.
« Oui, mais je suis né tout au Nord, à Kåfjord. »
Et parfois il se baisse, pour cueillir entre ses doigts différentes plantes et fleurs de sous-bois. De la fougère, de la pervenche ou de l’aspérule. A chaque fois, il répète le même manège, il plonge ses trouvailles dans des bocaux de verre qu’il te tend pour que tu puisses les sentir si tu le désires. Il ne réitère pas les gestes qu’il a eu pour toi sous le pommier, pour ne pas te mettre mal à l’aise.
Pour ne pas te bousculer.
Pour ne pas risquer le rejet, de tes bras ou de tes yeux.
Il se contente de récupérer les pots qu’il referme consciencieusement avant de les glisser dans son sac et d’enfin s’approcher d’un des troncs qu’il cherchait.
« C’est au nord du cercle polaire. Là bas le soleil ne se couche jamais en été et ne se lève plus du tout en hiver. »
Rune est un astre solaire qui a vu le jour dans un pays où pourtant il n’est pas apte à bien fonctionner. Il n’a pour toi pourtant plus que des sourires très doux où brille encore un peu de chaleur.
« Enfin on a déménagé à la capitale lorsque j’étais encore assez jeune. Je la connais comme ma poche pourtant je crois que je n’ai jamais mis un pied à l’opéra là-bas. »
De sa besace il tire un petit outil qui ressemble à un tournevis, et lentement il décolle une petite partie de l’écorce du tronc visé. Il n’en prélève jamais trop, pour ne pas abîmer ou risquer de traumatiser l’arbre, préférant en trouver d’autres similaires ou revenir plus tard, lorsque l’écorce se sera reconstituée.
Il te regarde alors avec complicité, un sourire un peu joueur à nouveau sur sa frimousse.
« Je regrette maintenant que tu me racontes ça, j’aurais définitivement dû y entrer. Je n’en ai pas eu l’occasion. »
C’est certain pourtant, s’il t’avait connu à cette époque il serait définitivement venu te voir y danser, avec les étoiles.
Et de sa main tendue directement cette fois, il te donne le bout de bois récupéré.
« Ce n’est pas du chène, je suis désolé. Mais c’est du pin, celui de ton parfum, tu peux le garder. »
Enfin, seulement si tu le veux bien-sûr. Si tu n’en veux pas tu peux toujours le lui rendre, il ne s’en froissera pas, il comprendrait. Et il te regarde, à nouveau.
Toujours.
L’air de te demander, toi Lucerys, d’où viens-tu ?
D'où viennent tes premiers pas.
Tes pas de jeune homme.
Tes pas de danse.
Pour certains il s’arrête plus longtemps, approche son nez tout proche du bois, comme pour l’y frotter.
Puis se remet en marche, vérifiant régulièrement de regards et de sourires que tu suis bien son chemin. Oh tu es libre de tracer le tien, d’aller toi-même à la rencontre des différentes odeurs du sous-bois, c’est surtout lui qui a du mal à se détacher de toi.
« Oui, mais je suis né tout au Nord, à Kåfjord. »
Et parfois il se baisse, pour cueillir entre ses doigts différentes plantes et fleurs de sous-bois. De la fougère, de la pervenche ou de l’aspérule. A chaque fois, il répète le même manège, il plonge ses trouvailles dans des bocaux de verre qu’il te tend pour que tu puisses les sentir si tu le désires. Il ne réitère pas les gestes qu’il a eu pour toi sous le pommier, pour ne pas te mettre mal à l’aise.
Pour ne pas te bousculer.
Pour ne pas risquer le rejet, de tes bras ou de tes yeux.
Il se contente de récupérer les pots qu’il referme consciencieusement avant de les glisser dans son sac et d’enfin s’approcher d’un des troncs qu’il cherchait.
« C’est au nord du cercle polaire. Là bas le soleil ne se couche jamais en été et ne se lève plus du tout en hiver. »
Rune est un astre solaire qui a vu le jour dans un pays où pourtant il n’est pas apte à bien fonctionner. Il n’a pour toi pourtant plus que des sourires très doux où brille encore un peu de chaleur.
« Enfin on a déménagé à la capitale lorsque j’étais encore assez jeune. Je la connais comme ma poche pourtant je crois que je n’ai jamais mis un pied à l’opéra là-bas. »
De sa besace il tire un petit outil qui ressemble à un tournevis, et lentement il décolle une petite partie de l’écorce du tronc visé. Il n’en prélève jamais trop, pour ne pas abîmer ou risquer de traumatiser l’arbre, préférant en trouver d’autres similaires ou revenir plus tard, lorsque l’écorce se sera reconstituée.
Il te regarde alors avec complicité, un sourire un peu joueur à nouveau sur sa frimousse.
« Je regrette maintenant que tu me racontes ça, j’aurais définitivement dû y entrer. Je n’en ai pas eu l’occasion. »
C’est certain pourtant, s’il t’avait connu à cette époque il serait définitivement venu te voir y danser, avec les étoiles.
Et de sa main tendue directement cette fois, il te donne le bout de bois récupéré.
« Ce n’est pas du chène, je suis désolé. Mais c’est du pin, celui de ton parfum, tu peux le garder. »
Enfin, seulement si tu le veux bien-sûr. Si tu n’en veux pas tu peux toujours le lui rendre, il ne s’en froissera pas, il comprendrait. Et il te regarde, à nouveau.
Toujours.
L’air de te demander, toi Lucerys, d’où viens-tu ?
D'où viennent tes premiers pas.
Tes pas de jeune homme.
Tes pas de danse.
Il y a cet instant où il hésite.
Ce simple, minuscule instant, où il regarde ce que tu lui tends.
N’ose pas s’aventurer. Se demande si ça va encore le bousculer.
Prend un premier bocal, finalement. D’une main délicate. Le porte à son nez et inspire. Attrape les senteurs. Les grave dans sa mémoire. L’une puis l’autre. Encore une. Il ne savait pas qu’il y en avait tant - enfin si, il savait, mais ne s’y est jamais intéressé. Et maintenant elles prennent toute la place. Envahissent ses sens, sa tête. Envahissent son monde et l’élargissent. Comme tu l’envahis, toi aussi.
Il devrait s’en foutre de ce que tu racontes.
Il s’en fout de tout, non ?
Pourtant il t’écoute. Phrase après phrase. Et il imagine le soleil qui ne se couche jamais en été. Qui ne se lève plus en hiver. Se demande si toi aussi tu ne brillais plus quand la nuit était éternelle. C’est un peu lui, en réalité. La nuit éternelle qui peut si aisément t’étouffer. Qui te regarde pourtant, toi et ta lumière. Toi et tes sourires. N’est pas réellement surpris que tu n’aies jamais mis les pieds à l’opéra d’Oslo, Rune, c’est souvent qu’on passe à côté des merveilles d’une ville qu’on connaît par cœur.
“Peut-être que tu n’aurais pas aimé. C’est un opéra très moderne par rapport à d’autres.”
Comme pour gommer les regrets.
Essayer.
Te regarde, Rune. Ta main tendue vers lui et ce qui se trouve à l’intérieur. Viens s’en saisir toujours dans la même délicatesse. La même avec laquelle il avait pris la fiole, à votre première rencontre.
“Merci.”
La porte à son nez. En inspire les fragrances. Oui, ça ressemble à ce que tu lui as fait sentir ce jour-là dans la chambre. Lucerys préfère le pin au chêne. Il se fiche que ça n’en soit pas. Te le tend, pourtant, de nouveau.
“Tu veux bien le reprendre pour le moment ? Je ne voudrais pas l’abîmer.”
Peut-être qu’il te le laissera, Rune, à la fin de votre excursion. Peut-être qu’il oubliera cette écorce cachée dans ta besace. Il ne saurait pas quoi en faire, en réalité, s’il la prenait. Lucerys n’a pas l’habitude des souvenirs conservés sur sa table de chevet. À toi elle te sera utile. Mais il ne refusera pas si tu la lui rends, de retour à l’auberge.
En attendant, il vaut mieux qu’il ne la garde pas.
Il ferait de son mieux pour ne pas l’abîmer mais il n’est pas équipé.
Alors il te la confie de nouveau. Et l’air de rien, se soustrait au regard que tu lui envoies. Il s'accroupit au pied d’une fleur. Minuscule. Bleue presque comme tes yeux. Il n’y a aucune fleur de la couleur de ses yeux à lui. Gris. Gris comme le ciel de pluie.
“Je suis un pur produit de Londres.”
Il s’est écoulé plusieurs secondes avant qu’il ne reprenne la parole. Il ne sait pas trop comment offrir des morceaux de lui. N’est même pas sûr qu’ils soient importants. Est-ce qu’ils doivent l’être ?
“J’y suis né. J’y ai grandi. J’y ai étudié. Je n’en suis jamais sorti. Hausse les épaules comme si c’était pas grave. Je n’ai pas eu le temps. Je l’ai donné à la danse, j’y ai consacré chaque minute de ma vie. J’ai quitté l’école à 19 ans, j’ai été pris dans le corps de ballet à ma sortie. J’y ai passé un an seulement.”
Il n’y a rien sur le visage. Lucerys est une façade.
Et pourtant, si tu tends l’oreille, il y a une note amère au fond de la voix.
Un an. Moins que ça. Il y a eu cette journée là, qui a laissé sur sa peau une marque qui ne s’en ira plus jamais. Qui l’a immobilisé des jours entiers à la maison. Qui a laissé une partie de son cerveau en vrac et qui l’a conduit là. Une journée. Qui a tout changé. Il a vingt ans. Il avait l’avenir devant lui. Il lui reste quoi, aujourd’hui ? À part des regrets enterrés, enfouis avec tout ce à quoi il refuse de penser ?
Ce simple, minuscule instant, où il regarde ce que tu lui tends.
N’ose pas s’aventurer. Se demande si ça va encore le bousculer.
Prend un premier bocal, finalement. D’une main délicate. Le porte à son nez et inspire. Attrape les senteurs. Les grave dans sa mémoire. L’une puis l’autre. Encore une. Il ne savait pas qu’il y en avait tant - enfin si, il savait, mais ne s’y est jamais intéressé. Et maintenant elles prennent toute la place. Envahissent ses sens, sa tête. Envahissent son monde et l’élargissent. Comme tu l’envahis, toi aussi.
Il devrait s’en foutre de ce que tu racontes.
Il s’en fout de tout, non ?
Pourtant il t’écoute. Phrase après phrase. Et il imagine le soleil qui ne se couche jamais en été. Qui ne se lève plus en hiver. Se demande si toi aussi tu ne brillais plus quand la nuit était éternelle. C’est un peu lui, en réalité. La nuit éternelle qui peut si aisément t’étouffer. Qui te regarde pourtant, toi et ta lumière. Toi et tes sourires. N’est pas réellement surpris que tu n’aies jamais mis les pieds à l’opéra d’Oslo, Rune, c’est souvent qu’on passe à côté des merveilles d’une ville qu’on connaît par cœur.
“Peut-être que tu n’aurais pas aimé. C’est un opéra très moderne par rapport à d’autres.”
Comme pour gommer les regrets.
Essayer.
Te regarde, Rune. Ta main tendue vers lui et ce qui se trouve à l’intérieur. Viens s’en saisir toujours dans la même délicatesse. La même avec laquelle il avait pris la fiole, à votre première rencontre.
“Merci.”
La porte à son nez. En inspire les fragrances. Oui, ça ressemble à ce que tu lui as fait sentir ce jour-là dans la chambre. Lucerys préfère le pin au chêne. Il se fiche que ça n’en soit pas. Te le tend, pourtant, de nouveau.
“Tu veux bien le reprendre pour le moment ? Je ne voudrais pas l’abîmer.”
Peut-être qu’il te le laissera, Rune, à la fin de votre excursion. Peut-être qu’il oubliera cette écorce cachée dans ta besace. Il ne saurait pas quoi en faire, en réalité, s’il la prenait. Lucerys n’a pas l’habitude des souvenirs conservés sur sa table de chevet. À toi elle te sera utile. Mais il ne refusera pas si tu la lui rends, de retour à l’auberge.
En attendant, il vaut mieux qu’il ne la garde pas.
Il ferait de son mieux pour ne pas l’abîmer mais il n’est pas équipé.
Alors il te la confie de nouveau. Et l’air de rien, se soustrait au regard que tu lui envoies. Il s'accroupit au pied d’une fleur. Minuscule. Bleue presque comme tes yeux. Il n’y a aucune fleur de la couleur de ses yeux à lui. Gris. Gris comme le ciel de pluie.
“Je suis un pur produit de Londres.”
Il s’est écoulé plusieurs secondes avant qu’il ne reprenne la parole. Il ne sait pas trop comment offrir des morceaux de lui. N’est même pas sûr qu’ils soient importants. Est-ce qu’ils doivent l’être ?
“J’y suis né. J’y ai grandi. J’y ai étudié. Je n’en suis jamais sorti. Hausse les épaules comme si c’était pas grave. Je n’ai pas eu le temps. Je l’ai donné à la danse, j’y ai consacré chaque minute de ma vie. J’ai quitté l’école à 19 ans, j’ai été pris dans le corps de ballet à ma sortie. J’y ai passé un an seulement.”
Il n’y a rien sur le visage. Lucerys est une façade.
Et pourtant, si tu tends l’oreille, il y a une note amère au fond de la voix.
Un an. Moins que ça. Il y a eu cette journée là, qui a laissé sur sa peau une marque qui ne s’en ira plus jamais. Qui l’a immobilisé des jours entiers à la maison. Qui a laissé une partie de son cerveau en vrac et qui l’a conduit là. Une journée. Qui a tout changé. Il a vingt ans. Il avait l’avenir devant lui. Il lui reste quoi, aujourd’hui ? À part des regrets enterrés, enfouis avec tout ce à quoi il refuse de penser ?
Il tire une satisfaction et une joie toute douce de tes pas vers lui, ça le réchauffe un peu à l’intérieur à chaque fois que tu saisis un des bocaux qu’il te tend. Il se doute sans en être certain, que ça doit être difficile pour toi, de lui faire confiance et de l’approcher. Alors chaque petit pas est une victoire qu’il attrape et qu’il garde dans le coffre de ses trésors. Et il fait attention, à toi et à la distance qu’il est nécessaire de garder, aux limites qu’il ne faut pas franchir trop de fois, trop souvent. Alors lorsqu’il ouvre ses doigts dans ta direction pour te donner les choses, il le fait toujours le bras tendu.
Déplié.
Le plus grand possible.
On ne s’en doute pas lorsqu’on le voit pour la première fois. On ne s’en doute pas lorsqu’on regarde juste son visage, son cou ou ses épaules. Mais il est assez grand, Rune. Et ses bras le sont également, qui peuvent t’offrir la distance qu’il te faut, pour te rassurer. Mais les habitudes ont la vie dure, et ses babillages reviennent vite. Ce n’est pas tant qu’il aime s’écouter parler, c’est que ça déborde souvent dans sa bouche, dans sa tête. Ce n’est qu’une fois son laïus terminé qu’il se rend compte qu’il t’a peut-être un peu noyé sous ses informations inutiles. Il s’en mord les lèvres dans une moue d’excuse.
« Peut-être, je n’ai plus trop moyen de le savoir maintenant. »
Il hausse les épaules, ce n’est qu’une des nombreuses choses qui vous sont accessibles à présent. Il n’est pas du genre nostalgique, même si petit à petit la réalité le rattrape, il essaie fort de ne pas s’arrêter sur ce qu’il va manquer.
Sur ce qui lui manque.
Pas grand chose en réalité.
Peu de choses.
Peu de monde.
Ce ne sont que des petits cailloux qui lui tombent dans la poitrine, un par un à chaque fois. Presque rien, qui finissent par peser lourd une fois le bilan achevé. Le pire a peut-être été pour Rune de réaliser, enfin. Que c’était surtout lui qui n’allait pas vraiment manquer.
« Mais j’aime les choses assez modernes, je pense qu’il m’aurait plu. Globalement les opéras sont de très beaux endroits. »
Tu dois le savoir bien mieux que lui, il s’en doute.
Et il récupère délicatement le morceau d’écorce que tu n’as pas voulu garder. Il sera toujours à toi et à présent il sait que tu le sais tandis qu’il le glisse dans un carré de tissu en velours pourpre. Ce n’est pas grave si tu n’en veux pas, Rune oublie souvent que ce qui lui semble si important ne l’est pas toujours forcément pour les autres. Que tout le monde ne saurait pas non plus trop quoi faire d’un simple bout de bois, de comment le garder ou le conserver.
Il te regarde t’accroupir devant une toute petite fleur avec un petit sourire, se baissant à son tour à bonne distance pour la regarder. Il ne reconnaît pas la variété mais il trouve jolie, seule au milieu de la forêt et des grands arbres, il la rouge fragile aussi, soudain.
« Oh ! J’y suis allé, quelques fois. C’est une jolie ville mais je n’y suis jamais resté assez longtemps pour visiter vraiment. »
Il ne te regarde plus, se concentre sur la fleur. Pour ne pas te donner l’impression de te presser de questions auxquelles tu ne voudrais pas répondre. Il hésite, te regarde un peu, ne te regarde plus.
« Tu regrettes ? De t’y être autant consacré ? »
Il inspire doucement, assez peu sûr que ce qu’il va dire est vraiment approprié. N’arrive pas à s’en empêcher malgré tout.
« Moi je trouve ça beau. »
Et lui aussi s’est consacré à sa passion assez pour en oublier tout le reste.
Même si c’est si lointain qu’il semble avoir presque oublié.
Même si c’était dans une autre vie.
Déplié.
Le plus grand possible.
On ne s’en doute pas lorsqu’on le voit pour la première fois. On ne s’en doute pas lorsqu’on regarde juste son visage, son cou ou ses épaules. Mais il est assez grand, Rune. Et ses bras le sont également, qui peuvent t’offrir la distance qu’il te faut, pour te rassurer. Mais les habitudes ont la vie dure, et ses babillages reviennent vite. Ce n’est pas tant qu’il aime s’écouter parler, c’est que ça déborde souvent dans sa bouche, dans sa tête. Ce n’est qu’une fois son laïus terminé qu’il se rend compte qu’il t’a peut-être un peu noyé sous ses informations inutiles. Il s’en mord les lèvres dans une moue d’excuse.
« Peut-être, je n’ai plus trop moyen de le savoir maintenant. »
Il hausse les épaules, ce n’est qu’une des nombreuses choses qui vous sont accessibles à présent. Il n’est pas du genre nostalgique, même si petit à petit la réalité le rattrape, il essaie fort de ne pas s’arrêter sur ce qu’il va manquer.
Sur ce qui lui manque.
Pas grand chose en réalité.
Peu de choses.
Peu de monde.
Ce ne sont que des petits cailloux qui lui tombent dans la poitrine, un par un à chaque fois. Presque rien, qui finissent par peser lourd une fois le bilan achevé. Le pire a peut-être été pour Rune de réaliser, enfin. Que c’était surtout lui qui n’allait pas vraiment manquer.
« Mais j’aime les choses assez modernes, je pense qu’il m’aurait plu. Globalement les opéras sont de très beaux endroits. »
Tu dois le savoir bien mieux que lui, il s’en doute.
Et il récupère délicatement le morceau d’écorce que tu n’as pas voulu garder. Il sera toujours à toi et à présent il sait que tu le sais tandis qu’il le glisse dans un carré de tissu en velours pourpre. Ce n’est pas grave si tu n’en veux pas, Rune oublie souvent que ce qui lui semble si important ne l’est pas toujours forcément pour les autres. Que tout le monde ne saurait pas non plus trop quoi faire d’un simple bout de bois, de comment le garder ou le conserver.
Il te regarde t’accroupir devant une toute petite fleur avec un petit sourire, se baissant à son tour à bonne distance pour la regarder. Il ne reconnaît pas la variété mais il trouve jolie, seule au milieu de la forêt et des grands arbres, il la rouge fragile aussi, soudain.
« Oh ! J’y suis allé, quelques fois. C’est une jolie ville mais je n’y suis jamais resté assez longtemps pour visiter vraiment. »
Il ne te regarde plus, se concentre sur la fleur. Pour ne pas te donner l’impression de te presser de questions auxquelles tu ne voudrais pas répondre. Il hésite, te regarde un peu, ne te regarde plus.
« Tu regrettes ? De t’y être autant consacré ? »
Il inspire doucement, assez peu sûr que ce qu’il va dire est vraiment approprié. N’arrive pas à s’en empêcher malgré tout.
« Moi je trouve ça beau. »
Et lui aussi s’est consacré à sa passion assez pour en oublier tout le reste.
Même si c’est si lointain qu’il semble avoir presque oublié.
Même si c’était dans une autre vie.
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