Adolescence à retardement (ft Reem)

Matin en semaine. Soleil, vent. Cheveux mal coiffés, attachés à la va-vite. Tenue simple sans efforts.

Adolescence à retardement

Jour normal. Réveil avec le soleil qui illumine ton visage. Impression étrange au creux du ventre, une chaleur et un apaisement. Tu t’étires, prends ton temps - c’est inhabituel. Pas de réveil, pas d’obligations. Le dortoir est vide. Quelque part ça te rassure un peu. La vie en collectivité te trouble. Tu ne sais jamais comment les aborder, quoi leur dire, quelles sont les convenances. Tu ouvres la fenêtre, humes l’air frais. Dérangée par une vilaine odeur. Dans la rue : quelqu’un fume. Regard assassin. Qui ose troubler un si bon début de journée ?

Peu importe. Tu descends. Petit déjeuner. Tu manges, tranquillement, toujours sans te presser. L’idée de la clope tourne dans ta tête. Éducation stricte, tu n’as jamais même pensé à t’essayer à ces choses là. Elles étaient légion en salle de repos parait-il. Tu la fuyais, alors tu n’as jamais su, jamais été tentée. Tu ne parlais à personne, personne n’a pu te dire “fume, tu verras, ça te permettra de prendre plus de pauses”.

Aujourd’hui, la liberté te tue. Et pourquoi pas, alors ? Et si finalement c’était un remède fantastique à ce qui t’empêche d’exister. Tu remontes, tu t’habilles. Tshirt blanc, jean, baskets. Tu prends à peine le temps de brosser tes cheveux avant de les attacher en chignon. Un regard rapide dans le miroir te fait dire que tu devrais probablement aller faire décolorer tes racines. Grimace, regard détourné de ton reflet.

Dans la rue tu marches. Tête baissée. Objectif ne croiser aucun regard. Mains dans les poches du jean. Attitude gênée. L’épaule qui frotte contre le mur. Tu tournes au premier tabac. Tu rentres. Odeur de papier, on dirait presque une bibliothèque. Puis toutes les clopes derrière. Ah ouais, ça en fait du choix.

Tu fais mine de tourner dans la boutique, de chercher quelque chose. Comme une adolescente qui n’aurait pas le droit d’acheter ces cigarettes. Tu réfléchis, lesquelles sont les meilleures ? Tu jettes des coups d’oeil furtifs en feuilletant un magazine quelconque. Tu pondères les options. Aucune solution ne te vient, sans surprise. Tu t’approches du comptoir. Grand soupir. Voix tremblante. Tu tentes de te montrer assurée

“Bonjour. Votre meilleur paquet de cigarettes s’il vous plait.”

Tu te sens bête, mais bête. Mais qu’est-ce que tu aurais pu dire d’autre ? Citer une des références au hasard ? Et si tu avais choisi le mauvais paquet, celui qui te ferait détester cette expérience autrement parfaite. 29 ans, incapable de choisir un paquet de cigarettes. Tes jambes tremblent. Tu restes plantée là comme un piquet. L’attente de sa réponse est longue, si longue…

@Reem Handal

Si besoin de changer quoi que ce soit hésite pas à me le dire !!

Awful

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let the river run wild

alys

C'est un jour un peu morne,
un peu gris, et bien calme aussi
juste assez pour enfoncer son menton dans la paume de sa main,
de l'autre prétendre se débarrasser d’une poussière qui n’existe que dans son esprit. Elle ne compte pas les heures; Reem, parce qu’elle aime son petit palais et ses étagères où ça s'entasse.
Les couleurs, les formes, les odeurs qui se mélangent,
tellement de choix que sa nouvelle cliente s’y perdrait un peu.

Elle relève un oeil curieux, alors, parce que bien-sûr
elle sait toujours tout
sait les oiseaux tombés du nid,
la tête la première sur les pavés de Phymeris.

ça alors elle dit parce qu’elle ne reconnaît pas les cheveux qui font concurrence aux siens, ni le minois qui semble chercher ce qu’elle doit chercher.
bien le bonjour, love.

Elle se redresse de son ennui, tout à coup réanimée par l’entrée qui se veut discrète, tente même un sourire interloqué pour l'inviter à s'approcher. Elle voit bien qu'elle n'a que faire de ces magazines - ils ne se vendent jamais (sont-ils meme seulement de cette année ?)
Et quand sa mystérieuse arrivante fait sa demande, elle ne peut empêcher ses yeux chaleureux de rire un peu ;
rien que la malice des ainé.es qui savent toujours un peu plus que ce qui est dit .

Mais quand elle lui répond, elle s’abstient de souligner quoi que ce soit. Se contente de la voix guillerette ;
en quelques pas, le tour du comptoir pour la rejoindre.
La jeune femme est un peu plus grande qu’elle
( elle lui paraissait pourtant minuscule ? )

mon meilleur- trésor, je n'ai que ce qu'il y a de meilleur. tout dépend de ce que tu cherches. Rejoint le regard de la cliente sur les présentoirs derrière le comptoir, quelques allers retours sur le visage inconnu qui fait balancer le siens à gauche, puis à droite
sonde la cliente sans prétendre à la discrétion qui ne lui sied guère.
t’es pas d’ici, pas vrai ?

Rien de malin, dans la voix,
rien de vil et encore moins de dédain
un simple constat. Un sourire, brille si fort qu’il dissémine la grisaille.

Rien de mal à ca, rien de mal aux pas qui ne savent pas ce qu'ils foutent là, aux cils qui papillonnent et aux doigts rongés par l’anxiété,
elle en sait quelque chose pour s’être bouffé toutes les phalanges.

oh ce je déteste voir de nouveaux visages ici, si tu savais comme ça me peine dramatise vainement,
peint la grande scène à laquelle personne ne croit sur sa moue,
l'exécution plaintive alors que ses doigts vernis fouillent déjà les tiroirs, préparent le nécessaire pour la vente qu'elle fait à peine mine de déconseiller. Pour autant, voilà qu'elle l’invite à la suivre vers une étale plus petite, un chouille moins exposée.
Et il n’y a presque plus rien des requins pour habiller les traits quand elle s'exprime plus doucement
un peu plus franchement.
t’en fais pas va; je vais te filer un coup de main.