ft. Vil Schoenheit - Twisted Wonderland
a fait son coming-out genderfluid quand il avait 22 ans, c'est sa mère et sa fille qui lui ont proposé son nouveau prénom : Liebe x toutes ses affaires tiennent dans deux grosses valises x adore manger épicé, même si la plupart du temps il finit en larmes x passe le plus clair de son temps à prendre en photo tous les animaux étranges du coin x depuis, il est convaincu qu'il peut prédire le temps en observant le comportement des oiseaux dans son quartier. x croit fermement que tout le monde a une mission dans la vie, même si celle-ci reste à découvrir.x sa couleur préférée est le violet x saute souvent les repas quand il est concentré dans son travail x a une skincare et haircare routine d’une bonne heure (matin & soir) x déteste les insectes et l’été, il préfère de loin l’automne x porte toujours un pendentif en forme de coeur autour de son cou x espère au fond de lui retrouver le chemin de sa maison x nourrit un petit chaton errant derrière l’auberge
❥ Du fard sur les yeux, un sourire tiré jusqu’aux oreilles et l’aiguille qui se plante dans un tissu.
“C’était une personne simple et discrète, toujours bien apprêtée, le visage impeccablement maquillé, mais il était rare de l’entendre parler… Ses rires, quant à eux, étaient aux abonnés absents.”
Cela serait la description la plus simple et la plus courte que pourraient donner les artistes de la Roseraie de Liebe, l’un des couturiers du théâtre. Une ombre, surprenante, mais aussi vite invisible, il allait et venait, se perdait souvent et jamais ne restait bien longtemps.
Cela faisait deux ans qu’il travaillait ici, à Paris, dans ce petit théâtre de misère qui peinait à rester debout. Liebe faisait un travail simple, il raccommodait les costumes, réajustait les perruques, rafistolait les décors à l’occasion.
Liebe ne parlait pas beaucoup, ne connaissait pas grand monde, mais s’en contentait. Il avait laissé beaucoup derrière lui en quittant l’Allemagne et finalement ses journées de solitude lui suffisaient. Il s’amusait à regarder sa troupe danser, chanter et rire, il participait silencieusement à ces moments de joie.
Chez lui, dans son petit appartement parisien niché sous les toits, le temps était froid. Il partageait son espace avec une vieille chatte noire, nommée Wittchen, trouvée au coin d’une rue un soir d’hiver.
Ces dernières années, Liebe était silencieux, ces dernières années, il avait abandonné tout espoir. Jusqu’à un soir où un appel changea sa destinée et que sa porte d'entrée l’emmena jusqu’au bout de l’univers.
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Ses premiers mots furent épouvantables, des hurlements et des pleurs. La peur avait pris le dessus, pendant des jours, des jours, il cherchait par tous les moyens à fuir. Il ouvrait toutes les portes, courait dans tous les sens, interrogeait les derniers arrivés, les premiers à se présenter, mais rien n'y faisait. Les jours passèrent, les semaines s’écoulèrent et rien, rien n’arriva.
Liebe se retrouvait là, au point de départ, loin de tout, alors qu'une nouvelle lueur s’était élevée jusqu’à lui, l’espoir avait de nouveau disparu.
Il abandonna la fuite, résigné dans ce monde qui l’avait tiré au plus bas. Rares furent les jours où il passa sans calmer ses larmes, à compter les jours qui le séparaient de ce dernier appel. Il pensait à Wittchen, à sa troupe et surtout à elle…
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“Je détestais la ville et elle ne rêvait que de s’y installer. Elle était si intelligente et je ne savais pas garder les pieds sur terre. Nous étions jeunes, très jeunes, trop jeunes. Les rêves pleins la tête, elle contemplait les étoiles et moi… je ne savais que l’admirer. Elle a fini par partir, lassée de la campagne, de la vie, de nos choix d’adolescents. Elle ne voulait plus de cette vie-là, elle ne voulait plus de nous, plus de rien. Je n’avais pas le choix au début, c’est ce que je me disais, pas le choix.
Pas le choix…
Mais jamais je n’aurais fait autrement.”
Ses yeux étaient d’un vert profond, ses cheveux noirs comme l’ébène retombaient sur son petit front blanc comme la neige. Elle avait un doux sourire et un rire si clair. La première fois qu’il l’avait vue, Liebe n’avait que dix-sept ans, alors que ses petits yeux avaient peine à s’ouvrir et que ses cheveux se comptaient sur les doigts d’une main.
“Elle s’appellera Eulalia.”
Et sa petite main se referma sur ses doigts.
Les années filèrent, l’enfant guida ses journées et ce fut comme si le monde d’avant n’avait jamais existé. Ses parents avaient été mécontents les premiers mois, certes, mais il sut trouver en eux un soutien, quand la mère a repris sa vie en main, pour repartir à la conquête de ses rêves.
Jamais il ne lui en a voulu d’avoir quitté le village, de partir à la poursuite de ses rêves, peut-être qu’il aurait voulu qu’elle reste plus longtemps, qu’elle ne sombre pas dans le silence pour de bon, mais il l’avait toujours su. Leur amour était voué à disparaître.
Les années s’écoulèrent, entre les rires et les colères. Les pleurs et les amours. Liebe ne vivait que pour Eulalia et elle lui rendait si bien. Ils étaient inséparables, peut-être trop jeunes pour être le meilleur des parents, Liebe faisait de son mieux et vivait au rythme de l’enfant. Ses études avançaient au ralenti, mais sous le soutien de ses parents, Liebe obtint un diplôme de costumier de scène.
La vie était simple, Eulalia commença ses premières années d’école et Liebe trouva une place dans un théâtre local dans la ville du coin. Ils quittèrent la petite maison familiale pour s’installer dans un appartement plus modeste, mais malheureusement le bonheur s’arrêta net, un soir pluvieux d’automne.
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“Une enfant de douze ans disparaît dans la région de Berlin.” La disparition fut la une des journaux locaux, après son cours de danse du mardi soir, la jeune Eulalia ne retrouva jamais la porte de sa maison. Les semaines de recherches devenaient des mois, les mois des années et dans le silence Eulalia tomba dans l’oubli. Chaque jour, chaque soir étaient une torture pour Liebe.
La voix de sa fille résonnait, son visage hantait les murs et sa vie entière cherchait une route en Allemagne. Tout le ramenait à elle, mais rien ne la ramenait à lui. Liebe sombra dans une longue période de dépression et la bataille ne s’arrêta jamais vraiment.
Cela faisait quatre ans qu’elle avait disparu, quatre ans qu’il attendait près du téléphone un dernier appel. L’espoir l’avait quitté, il savait simplement que si un jour il la reverrait, elle ne serait certainement plus reconnaissable, le temps et la mort auront joué contre lui. Alors, au quatrième anniversaire de sa disparition, porté par sa famille et le peu d’amis qui lui restaient, Liebe décida de quitter l’Allemagne pour la France.
Sa vie devait recommencer à zéro, c’était la seule solution.
Pourtant ce soir-là, au milieu de son petit appartement. Alors que la vie avait repris son cours et que l’espoir n’existait plus, une sonnerie le ramena cinq ans auparavant. Une voix si peu familière prononça son prénom et son cœur s’arrêta.
Ils l’avaient retrouvé.
Liebe était prêt à rentrer, à la retrouver et même si elle ne l’aurait jamais entendu, il était prêt à lui dire pour la toute dernière fois qu’il l’aimait.
Sa main sur la poignée, Liebe quitta son appartement et ne retourna jamais en Allemagne.
❥ 17 février 1990 Naissance de Liebe en Allemagne, dans un petit village paisible de la région du Brandebourg, entouré de forêts et de rivières.
❥ 1997 À l'âge de 7 ans, Liebe se passionne pour la photographie. Il passe ses week-ends chez sa grand-mère et ajoute à son carnet de collection de nombreuses photos de plantes et d'animaux.
❥ 2002 À 12 ans, Liebe découvre la couture en aidant sa mère à réparer des vêtements. Sa passion se mêle à la photographie, il s’amuse à dessiner des costumes pour animaux, des créations en forme de fleurs, et passe des heures à coudre des créations extravagantes en tissu.
❥ 2007 À 17 ans, Liebe tombe follement amoureux d’une camarade de classe et, la même année, il devient père d’une fille, Eulalia. L’année suivante, il finit par élever seul sa fille.
❥ 2011 À 21 ans, Liebe obtient un diplôme de costumier de scène. Il s’installe avec Eulalia dans un appartement près de Berlin et commence à travailler dans un théâtre local.
❥ 5 octobre 2016 À 26 ans, par une soirée pluvieuse, Eulalia, âgée de 12 ans, disparaît mystérieusement après son cours de danse. Cet événement tragique plonge Liebe dans une profonde détresse.
❥ 2016-2021 Pendant cinq ans, Liebe vit dans le désespoir, cherchant désespérément sa fille. Sa vie s’arrête complètement.
❥ 2021 À 31 ans, Liebe quitte l’Allemagne pour Paris, espérant fuir son passé. Il s’y installe et trouve un emploi dans un petit théâtre en déclin, où il travaille comme costumier.
❥ 2024 À 34 ans, Liebe reçoit un dernier appel lui annonçant que sa fille, Eulalia, a été retrouvée. Le cœur plein d’espoir et de peur, il quitte son appartement pour l’Allemagne, mais son chemin est détourné par sa porte d’entrée.