La vision lointaine d'un mirage, d'une illusion. Une jeune femme dont l'âge semblait s'estimer à une certaine vingtaine d'années. Sa main entrelaçant celle d'une fillette lui ressemblant trait pour trait. Des amies ? Des sœurs ? Peu importe la relation qu'elles entretenaient, leur entente respirait la joie de passer du temps l'une avec l'autre. Peu importe combien de fois le paysage et la situation dans lesquels on les retrouvait défilait, telles diverses diapositives dont l'on disposait l'une après l'autre, le sourire qu'elles partageaient n'eut jamais disparu de leurs visages, toujours aussi semblables comme deux gouttes d'eau.
Affrontant bien des péripéties ensemble, ne s'inquiétant guère du lendemain, que de belles promesses ont été faites pour solidifier leur lien. Malgré les problèmes que la fillette semblait rencontrer en étant en constant conflit avec ses pairs, la jeune femme réussissait toujours à lui faire oublier tous ses soucis et à lui rendre le sourire que l'on lui avait dérobé. L'une arrivait à tenir grâce à l'autre. L'autre ne voyait point sa vie sans l'une. L'une et l'autre dont la seule présence se suffisait chacune à elle-même.
Le paysage changea de nouveau. Un homme que la gamine n'avait jamais vu se présenta aux deux, et leur tendit une main. La jeune femme, qui semblait hésitante en variant son regard entre sa petite version d'elle-même et le jeune homme, accepta de prendre sa main. Son existence, qui était seulement entremêlée avec celle de la fillette, fut alors étroitement liée au destin que leur réservait cet homme. Avec insouciance, l'enfant les suivit jusqu'à l'île lointaine d'où celui-ci provenait.
Leur vie changea du tout au tout. Les paysages perdant progressivement de leurs couleurs, devenant mornes et maussades. Mais où est passée la joie que l'on voyait au début ? Le sourire de la jeune femme avait perdu tout son éclat, sa silhouette se dégradant au fil du temps qui s'écoulait. Les dernières feuilles mortes se détachant des branches d'un arbre nu. Le dernier paysage dessinant une jeune fille ressemblant à la jeune femme dont la présence disparut sans aucune explication à sa disparition. La joie effaçée à coup de gomme.. . .
Ta petite silhouette, éclairée par la clarté de ton moniteur, tu ouvris tes lourdes paupières. Ton esprit, ailleurs. L'intérieur de ta tête, comme dans du coton. Tu ne te rappelais avoir consommé de l'alcool, et pourtant tu pensais avoir la gueule de bois. Tu levas difficilement ta caboche, la peau de ton visage se décollant de celle collante de tes bras. Une main vagadondant à la recherche de ta vue, tes yeux qui devaient se trouver sur ton bureau dont la surface froide te fit grelotter au simple et bref toucher de ton coude, se heurtant contre une pile de jaquettes de disques. Le brouhaha de leur chute te fit sursauter, te faisant remémorer que ta lourde myopie t'empêchait de comprendre l'agencement habituel de ton habitat. Te retrouvant bien vite genoux nus contre le sol frais de ton studio, tes mimines inspectèrent tes alentours à tâtons plusieurs secondes durant. Soudainement, tu sentis cette texture familière de plastique semblable à celui de la monture de tes binocles.
« Found it ! Lucky ! ~ » te réjouis-tu en les mettant à leur place sur ton nez mais en ne te rendant guère compte de où tu les avais trouvé.
Le karma ne te rata pas, une future bosse allait apparaître au sommet de ta tête, ta mèche rebelle ne sera plus seule bien longtemps.
« くそー ! » lâchas-tu comme juron en massant de tes deux mains le dessus de ta tête alors assise en tailleur par terre. Comme pour te remettre du récent choc intenté envers ta personne, tu restas ainsi quelques secondes durant avant de prendre appui sur ta chaise à roulettes gaming pour faire partir les fourmis que tu avais dans les pieds. Désormais debout sur le plancher des vaches, tu lâchas un long bâillement en t'étirant de tout ton long, sans oublier de tortiller tes doigts de pied au passage. Ton attention se posa bien assez tôt sur ton téléphone portable dont une sonnerie retentissait en écho dans le silence de la pièce. Ta main gauche fut comme aimantée jusqu'à celui-ci, un soupir las s'échappa de tes lèvres gercées quand tu compris le but initial de cette alarme. Le "travail" t'appelles,
Haruko. Moyennement motivée pour ce genre de sortie, tu te pressas de quelques pas lourds vers la salle de bain en ramassant tes seules frusques qui te servaient de peau à l'extérieur de ta bulle. Une rencontre de longue date avec le miroir de la salle d'eau refléta ta face de vilain petit canard que tu entouras de tes mimines, comme pour vérifier de la véracité de ce que tu voyais. De petites baffes sur les joues et c'est reparti pour un tour. Tu t'armas de courage avec ce douloureux rituel en t'efforçant de penser que l'on n'allait peut-être pas te retenir trop longtemps pour que tu puisses vite revenir.
. . .
Le son des pas des passants, retentissant et vibrant sur la chaussée.
Ploc ploc. Ploc ploc.L'odeur des pots d'échappement de voiture et de la polution locale, venant chatouiller tes narines.
Ploc ploc. Ploc ploc.La pluie glaçante, perlant sur l'un des verres de tes lunettes.
Ploc ploc. Ploc ploc.Une lassante attente des plus ordinaires. Sous la même météo maussade.
Ton casque audio sur tes écoutilles et tu étais partie pour un autre monde. Autre, autre monde.
Le temps ne s'écoulait pas plus vite pour autant, mais cela t'aidait à t'évader, ne serait-ce que pour attendre.
Attendre que le passeur vienne te récupérer. Te récupérer pour te conduire dans cet enfer que tu redoutes tant.
Cet enfer dans lequel "il" y siégeait.
Tu continuais de fixer le cuir de tes bottes, rutilant de la clarté des réverbères, des feux automobiles.
Tes doigts fins tapotant nerveusement mais de manière rythmée sur les oreillettes de ton casque.
Tes jambes semblaient avoir la tremblotte, grelottants en sentant la fraicheur du vent les traverser.
La marée remonta au-dessus du trottoir tandis que ton carrosse était avancé.
La portière arrière droite qui te faisait face, s'ouvrant dans un son plus que familier.
T'invitant avec
obligeance à t'installer en son sein. Tu avais l'habitude de baisser les yeux sur la banquette.
La seule place que tu semblais mériter. Le seul confort que l'on t'accorde.
Tu n'avais cependant point le temps de te faire prier. Tu étais attendue.
À peine assise, la voiture reprit vie dans un violent vibrement et reprit la route.
Le chauffeur, muet comme une tombe. Aucun de vous n'avait à adresser la parole à l'autre. Chacun sous différent contrat.
Vos positions, vos rôles. Votre valeur. En rien semblables.
Tes pieds reposant contre la vitre opposée à la tienne, ton insignifiante silhouette affalée de tout son long sur la série de sièges.
Ton regard noisette vagabondant sur l'écran de ton smartphone.
Un trajet au
"travail" tout à fait ordinaire.
. . .
La jeune femme connaissait cet homme. Ce n'était guère dans ses habitudes de suivre n'importe qui jusqu'au bout du monde aussi facilement. Cet homme ne semblait pourtant pas être proche d'elle, et cela d'une quelconque manière. Mais, maintenant qu'on y pensait, les yeux de la jeune femme reflétait un sentiment bien reconnaissable en le regardant. La fillette ne pouvait point le comprendre, mais, le bonheur s'affichait sur son visage. C'est ce qui lui importait le plus. L'homme s'est présenté comme le père de l'enfant. Il semblait effrayant et dur. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur de lui, se cachant derrière la jeune femme.
Un gigantesque gratte-ciel qui atteignait littéralement les nuages, la gamine en inspectait la hauteur à s'en faire un torticolis. Déjà que l'homme lui avait semblé des plus imposants, le building le battait à plate couture. L'homme est très connu et célèbre sur cette île. Il avait sa propre société. Son personnel était des plus chaleureux et cordiaux. Tout le monde semblait aimer y travailler. Peut-être que l'homme n'était pas aussi effrayant qu'il le laissait paraître.. . .
Une autre brusque vibration te fit sortir de tes songes. Ta tête se heurtant assez fort contre la portière intérieure pour te faire voir des étoiles. Le trafic avait intérêt à être encombré pour que tu puisses continuer de rêvasser ne serait-ce que seulement quelques minutes. Désillusion et déception. C'était le dernier coup de frein à main pour annoncer leur arrivée. Hazel, tu dois hélas descendre de ton petit nuage, et revenir à la réalité. Tu te redressas vite fait sur ton popotin pour éviter de partir avec la portière que le chauffeur venait d'ouvrir en affichant un faciès inexpressif à ton égard. Néanmoins, tu ne lui adressas même pas un regard et sortit du véhicule. Ne demandant guère son reste, celui-ci remonta à bord et quitta les lieux aussi vite qu'il était venu.
Te revoilà devant cet immense gratte-ciel si familièrement vertigineux. Avalant péniblement ta salive dans un grand bruit de déglutition, tu te décidas à entrer à l'intérieur de ce monstre de métal, prêt à t'engloutir entièrement de sa hauteur.
Cela te faisait toujours bizarre de te trouver ici. Tu travaillais habituellement dans ton studio, en télétravail. Tu n'avais guère à interagir avec le personnel qui était aimable comme une porte de prison. Tu n'avais point à rester dans cet environnement froid et austère reflétant l'ambiance générale de cette société. Tout cela n'était seulement que le cadet de tes soucis. Tu te devais de venir qu'une fois chaque fin de semaine. Un seul déplacement pour
"rendre compte du travail fourni" comme il l'a été énoncé le premier jour. Quelques heures de routine, après tu pourras retourner dans ton havre de paix, petite noisette.
Mais, c'était sans compter sur la présence d'une certaine personne que tu es venue à croiser. Cette femme faisant parti de la plupart de tes soucis est apparue devant tes yeux.
« 春子さん、2分3秒遅れです。 社長がオフィスであなたを待っています。 彼をこれ以上待たせないでください。»
(Haruko-san, vous êtes en retard de deux minutes et trois secondes. Le président vous attend dans son bureau. Ne le faites pas attendre plus longtemps.)
Te réprimanda-t-elle sur un ton distant et autoritaire en te toisant avec une supériorité flagrante.
« は,はい…み,美玲さん…す,すぐに行きます… »
(O-oui... Mi-mirei-san... J-je m'y rends de ce pas...)
Balbutias-tu en t'inclinant gauchement tandis qu'elle partit sans te laisser le temps de t'exprimer davantage. Tu te redressas toute tremblotante, jetant un coup d'oeil furtif et anxieux derrière toi. Un soupir de soulagement s'échappant de tes lèvres devenues bleues, glacées. Une profonde marque de dent imprimée dans ta lèvre inférieure.
TW violence/espace clos
Une autre femme avait rejoint leur famille après que la jeune femme soit partie. Elle faisait aussi peur que l'homme. La même aura terrifiante. La jeune fille ne se sentait guère à l'aise en sa présence. C'est elle qui lui faisait les cours à la maison depuis que l'homme lui avait fait arrêter l'école pour envisager de la faire travailler dans sa compagnie. La femme était sévère et dure avec la jeune fille. Celle-ci ne pouvait compter sur ses doigts le nombre de fois que la femme avait porté la main sur elle quand la jeune fille ne faisait pas ce qu'elle voulait ou qu'elle se trompait quelque part.
L'homme en restait de marbre, trop affairé avec son travail comme le disait-il si bien. La femme disait sans cesse que cela ne lui faisait guère plaisir de lui infliger cela, malgré l'enthousiasme dont elle faisait preuve quand elle l'a frappé, comme si cette femme avait quelque chose à reprocher à la jeune fille. Si la femme ne la battait pas, elle l'enfermait dans un grand placard qu'elle fermait à clé. La jeune fille avait beau la supplier de la laisser sortir, rien n'y faisait.
Plusieurs heures dans le noir le plus complet. Plusieurs longues heures en pensant que l'air lui manquait. L'épiderme du bout de ses doigts, douloureux à force de gratter comme un animal blessé contre la porte en bois qui ne bougeait guère d'un pouce. Ses ongles rougis par le sang, et par les échardes laissées par le bois. Recroquevillée en boule contre le fond du placard, il lui arrivait d'avoir l'espoir désespéré que l'on vienne la libérer. Hélas, la seule personne pouvant venir la couper dans ses souffrances était celle qui avait infligé cela...TW : violence conjugale
Respire, Hazel. Tu fis de ton mieux pour reprendre ton calme. Tes bras entrelaçant ton petit corps frileux, te rappelant de ceux de ta mère quand quelque chose n'allait pas. Tu avais l'habitude de te mettre dans tous tes états dans ce genre de situations. Arrêtant de t'enlacer, tes mimines se déportèrent sur tes joues que tu claquas encore une fois dans une série de baffes synchronisées. Le personnel, ayant entendu le boucan que tu faisais, te dévisagea d'un air interrogateur et jugeur. Tu ne pouvais pas ne pas t'en rendre compte avant de te redresser droite sur tes pattes, aussi rouge qu'une pivoine. Tu te raclas néanmoins la gorge, fit face au personnel en faisant une bouille joues gonflées et de t'incliner à plusieurs reprises jusqu'à voir des étoiles avant de partir en marche trèèèès rapide vers le bureau du président.
Tu n'as décidément pas l'habitude de cavaler aussi vite. Tu en es toute essoufflée, ma pauvre. Tu n'es pas aux bouts de tes peines malheureusement alors que tu te tenais devant la porte qui menait à ta prochaine et ultime épreuve. Néanmoins, pourquoi mets-tu autant de temps à te remettre qu'une simple marche rapide, Hazel ? Tu es désespérante parfois. Regarde-toi donc à te pencher en tenant tes genoux comme si tu allais perdre connaissance. Enfin, bref passons. Tandis que tu reprenais enfin ton souffle et ton calme par la même occasion, tu devais encore aller le voir pour en finir avec cette journée pourrie. Tu mis tes deux mains sur les poignées en te présentant préalablement et en t'excusant de ton intrusion avant de pousser la porte avec ta force de lilliputienne.
La pièce paraissait presque trop grande pour ce qu'elle contenait. Une longue baie vitrée faisant quasiment toute la longueur du mur ouest, tandis que le mur est n'avait seulement quelques peintures extravagantes mornes accrochées contre. Quelques élements de rangement par-ci par là, et enfin un grand bureau trônant en son centre. L'intéressé, qui semblait complètement désintéressé par ta présence, continua de se préoccuper de ses propres affaires sans même daigner te lancer un regard. Essayant de ne pas te laisser intimidée par l'aura qu'il dégageait sans pour autant évoquer un certain manga, tu t'avanças jusqu'aux sièges se trouvant devant lui et tu restas debout dans l'attente d'une invitation à t'asseoir. Même en connaissant la personnalité du bougre, tu doutes qu'il puisse faire ça mais tu préfères quand espérer qu'il le fasse. Sinon, tu seras par terre avant même de pouvoir dire ouf.
« 春子。これはなんだ ?»
(Haruko. Qu'est-ce que c'est que ça ?)
Te posa-t-il comme question sur un ton désobligeant et plat en jetant une petite pile de feuilles agraffées devant toi sur la surface en verre teinté. Ne comprenant point où l'homme voulait en venir, tu ne pouvais pas t'empêcher de regarder avec une bouille abasourdie. D'habitude, tu aurais eu peur de le regarder mais étrangement, il semblerait que tu puisses au moins le dévisager quand celui-ci ne daignait même pas te regarder.
« な,何を聞いているのか分かりません、ちゃ,社長... »
(J-je ne comprends ce que vous me demandez, p-président...)
Répondis-tu, toujours en bégayant, d'une petite voix tandis que tu plissas très fort les yeux en essayant de savoir ce qui n'allait pas avec ton codage. Cet homme a toujours été fidèle à lui-même. Aucune émotion ou même de changement d'expression, impossible de savoir à quoi celui-ci pense. Tu n'avais pas l'impression d'avoir fait quelque chose de mal avec la façon dont il te parlait, mais le simple fait qu'il utilise ce ton te hérissait le poil.
« すべてをやり直せ。»
(Refais tout.)
Dit-il tout simplement sans rien ajouter de plus pour se justifier.
« えー? す,すべてやり直しますか? わ,私がやったことの何が間違っているのでしょうか? »
(Hein ? T-tout refaire ? Q-qu'est-ce qui ne va pas avec ce que j'ai fait ?)
Rétorquas-tu spontanément, l'information semblant être montée en moins d'une seconde jusqu'à ton cerveau. Tu ne supportais pas l'injustice. Jusque-là, tu contentais de prendre tout dans la face sans jamais rien dire. Dans une poussée d'adrénaline, tu continuas, de petites larmes au coin des yeux.
« な,なぜすべてをやり直す必要があるのでしょうか? せ,理由を説明してください! »
(Pourquoi dois-je tout refaire ? E-expliquez-moi pourquoi, s'il vous plaît !)
Lui demandas-tu, enfin d'après la tournure de cette phrase, le sommas-tu de te répondre. Tu semblais être fière de toi-même. Tu avais trouvé la force de lui répondre et de te battre pour tes convictions... jusqu'à ce que tu t'aperçoives de l'erreur que tu venais de commettre. Un souvenir te revint alors. Une fois, tu avais osé élever la voix contre lui, et cela s'est très mal fini. Le même scénario risquait de se répéter mais à peine, tu ais eu le temps de mettre une main devant ta bouche pour te faire taire que l'homme s'était levé de son siège.
Hazel, on dirait que tu as signé ton arrêt de mort cette fois. Cet homme qui paraissait être indifférent et passif d'apparence se révèlait être en fait très impatient et facile à sortir de ses gonds. La peur te monta aux tripes, se fixa sur place et t'empêcha de penser à quoi que ce soit pour te sortir de ce mauvais pas. Même tu savais pertinamment qu'essayer de discuter avec lui quand il était dans cet état se montrait être mission impossible.
À peine l'idée d'enlever tes lunettes te vint pour éviter une éventuelle casse que celles-ci finirent par s'envoler au dessus de ton nez. Tu eus l'impression de voir double pendant quelques secondes ou bien quadruple..? Tu cherchas tes alentours du regard mais sans succès, ne voyant plus rien du tout. Complètement désorientée, tu posas une main sur ta joue droite. Le choc t'empêchait de penser normalement comme si toutes tes pensées fuyaient de ta tête par une sortie quelconque. Est-ce qu'il t'avait frappé ? Comment ressentais-tu la douleur ? Tu es assommée. Ton autre main toucha le sol... Le sol ? Sans t'en rendre compte, la claque que cet homme t'avait infligé. Ce coup, il t'avait envoyé au sol. Tu étais trop sonnée pour l'avoir remarqué. Reprenant peu à peu tes esprits, tu levas la tête vers ce qui semblait être la silhouette entièrement floutée de l'homme qui se prétendait être ton père.
« またそうやって声を上げればそれだけで終わると思うな。»
(Si tu lèves encore la voix contre moi, ne pense pas t'en sortir avec juste ça.)
Commença-t-il à dire en repart s'asseoir à son bureau et de trifouiller ce qui semblait être des feuilles. Tu ne l'eus guère lâché du regard, enfin, de la silhouette toute floutée que tu voyais.
« すべてをやり直せ »
(Refais tout.)
Se répéta-t-il alors comme si rien de tout cela ne s'était passé. Tu restas debout devant son bureau, encore un peu dans les vapes tandis que tu caressais ta joue droite avec la mimine du même côté. Comment avais-tu éluder ce souvenir de ta mémoire ? Petit poisson rouge, si l'on te voyait, beaucoup penserait que tu l'as bien cherché. Qui viendrait s'inquiéter pour toi dans cette situation ? Maintenant que tu y pensa, personne du coup. Peut-être quelqu'un qui n'est plus là. Quelqu'un qui ne peut plus te consoler quand on t'a fait du mal. Tu sentis tes yeux se réchauffer, signe avant-coureur d'une émotion que tu connaissais plus que bien. Une vieille amie qui vient te rendre visite de temps à autre. Tu te retins de la rencontrer, passant ton bras gauche sur tes yeux.
« まだここで何をしている ? 出ていけ。»
(Qu'est-ce que tu fais encore là ? Sors.)
T'ordonna-t-il en voyant que tu n'avais pas encore disposé de ta propre présence. Ayant peur de subir une fois de plus sa colère, tu t'exécutas, après avoir cherché tes yeux en verre sur le sol, tâtonnant comme une aveugle cherchant désespéramment son bâton de marche. Une scène familière mais avec un autre contexte et des répercussions plus pressantes. Tu passas cette fois ta manche droite sur ton visage mais que cette fois, tu gardas sur tes yeux avant de te lever et de t'incliner une dernière fois devant lui. Tu sortis rapidement à l'aveuglette, te percutant à la porte que tu empruntas ensuite pour partir de sa vue comme celui-ci le souhaitait.
La tristesse, cette amie de longue date. Elle semble tellement pressée de passer du temps avec toi. Même si tu n'as vraiment le choix que de la ressentir, tu préférerais que cela soit dans un autre endroit. Réussiras-tu à la contenir jusqu'à ce que tu sois en sécurité dans ta bulle ? Tu enlevas ta manche de ton visage après avoir bien frotté pour qu'il ne reste plus aucune goutte et remis tes lunettes à leur place.
Peut-être que le chauffeur attendait dehors, en bas du building, avec la chance que tu as. Tu es du genre à te monter le bourrichon pour rien souvent. Tu pensais que le fait de t'être "disputé" avec cet homme, enfin si on pouvait appeler ce remontage de bretelles express une dispute, allait te coûter le billet pour rentrer chez toi. Bref, tu t'éclipsas en vitesse pour éviter de re-croiser l'autre mégère, qui sait ce qu'elle pourrait te dire si elle voyait tes yeux rougis de la sorte. Descendant les innombrables marches de cette tour de l'enfer pour arriver au rez-de-chaussée où ton carosse t'attendait peut-être...pas ? Il n'y a plus qu'à attendre le verdict après avoir passé la porte vitrée qui mène toujours plus prêt à ta liberté conditionnelle. Ton pessimisme te rattrapant plus vite que toi qui essaie d'attraper un chien qui t'aurait piqué une chaussette. Toi qui n'a même pas le permis en poche et qui ne sait pas où prendre un bus de cet endroit à chez toi. Ton propre défaitisme te faisait peur, tu en fermas les yeux tellement fort que tu eus l'impression que ta caboche risque d'exploser. Hazel, il faut arrêter de te débiner et passer à la casserole, te décidas-tu enfin de sortir pour vérifier sur la voiture dont tu convoitais la présence se trouvait là ou pas.
Quelque part, tu aurais dû t'y attendre. Lui aussi, travaille sous ses ordres. Donc si cet homme lui dit de ne pas venir te chercher, il ne viendra pas chercher. Ce qu'il n'a pas fait apparemment puisque la voiture est là. Tu haussas les épaules en avançant jusqu'au véhicule. Tu n'allais pas t'en plaindre puisque tu voulais partir d'ici au plus vite. Il semblerait que le vieil homme eut vent de ta présence pour qu'il décide de sortir de son propre chef pour venir t'ouvrir la portière. Tu ne pus cacher ton étonnement avec le panel d'expressions que tu avais à ta disposition. Tu le remercias dans un murmure en entrant pour te siéger à ta place habituelle. Tu ne pus résister à la fatigue qui te tiraillait tandis que tu sombrais dans les bras de Morphée une fois le ronronnement du moteur entendu, devenant ta berceuse jusqu'à ce que tu t'assoupisses le long de la banquette arrière de la voiture.
. . .
Encore un songe, un souvenir lointain. Un paysage plus doux que tous les précédents. Les couleurs sont toutes présentes, toutes aussi resplendissantes que jamais. Une petite maison aux briques oranges. Il avait fait beau ce jour-là. Le soleil était en train de se coucher laissant alors place au crépuscule. Une mélodie familière sifflotée qui se mêlait au vent. Deux silhouettes se trouvant dans un salon. Occupant un canapé, la fillette était couchée de tout son long dessus, se servant des jambes de la jeune femme comme oreiller. Une main lui caressa les cheveux, tandis que l'enfant aux mèches citrouilles semblait s'être endormie en entendant la berceuse chantée par la jeune femme. On jurerait presque l'entendre.
« You are my sunshine, my only sunshine
You make me happy when skies are gray...»
La berceuse d'une mère qui était prête à protéger son enfant bec et ongles contre tout ce qui aurait pu lui faire du mal.
« You'll never know dear, how much I love you
Please don't take my sunshine away...»
Alors pourquoi était-elle partie ? Laissant cette enfant toute seule entre les mains d'un homme qui ne l'aime même pas, et d'une autre femme qui n'est même pas sa vraie mère.
« I'll always love you and make you happy,
If you will only say the same...»
Les deux pires personnes qui auraient pû prendre sa relève. Cette enfant est seule et malheureuse. Ils lui font du mal. Ils la traitent comme une moins que rien.
« But if you leave me and love another,
You'll regret it all someday...»
Ils l'exploitent comme si rien n'était. Ils la corrigent quand elle n'agit pas comme ils le voudraient, faisant comme si rien n'était en ignorant ses propres désirs. Elle ne sait pas quoi faire pour échapper à toute cette souffrance. Elle ne croit pas vraiment en Dieu non plus. Si un quelconque Dieu existait, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Elle ne sait pas ce qu'elle donnerait pour pouvoir revenir à l'époque où seulement sa mère et elle vivaient ensemble, sans personne d'autre pour les séparer... . . .
Tu ne dors décidément pas assez. Tes heures de sommeil se limitent à seulement pas moins de trois à quatre heures par nuit. Le chauffeur semblait t'appeler tandis que tu t'étais assoupie une fois de plus dans son véhicule de service. Il semblait s'inquiéter pour ta santé. Une main aidante tendue dans ta direction de l'extérieur de l'automobile. Le doux vent du soir soufflant légèrement sur ta bouille encore à moitié endormie. Vous deviez tout deux rentrer chez soi. Vous aviez une position différente, un rôle différent...Une vie différente. Ta main dominante gauche vint attraper la sienne pour t'aider à sortir du véhicule. Tu t'inclinas devant pour le remercier de sa gentillesse tandis que tu entrepris vite de courir jusqu'à ton immeuble pour rejoindre ton havre de paix.
. . .
Après tout cela, tu ne rappelais plus de rien. Peut-être que la fatigue t'avait emporté une bonne fois pour toute quand tu es arrivée dans ton studio. Quelque part, ce n'est pas si mal. Tout le temps dormir....
Enfin, c'est ce que tu te dirais si tu ne t'étais pas réveillée dans une pièce qui ne te dit rien du tout, sur un lit qui ne te dit rien du tout et qu'un vieil homme, qui ressemble en tout point à un personnage d'un animé dont tu ne citeras pas le nom, qui ne te dit rien du tout non plus te parlait comme si rien n'était. Peut-être, tu penses bien peut-être que tu te rappelles peut-être d'une porte bizarre, enfin est-ce qu'elle était bizarre puisque tu te rappelles seulement d'une porte et pas une porte en particulier. Une porte toute blanche, tellement blanche qu'elle t'avait attiré comme une mouche sur un étron. Revenons-en au vieil homme, oui tiens. Tu semblait l'avoir complètement oublié à cause de ta crise de panique silencieuse.
Est-ce qu'il parlait depuis tout à l'heure ? Parce qu'on dirait que tu n'as rien écouté de ce qu'il t'a expliqué. Est-ce que l'on t'aurait prank ? Est-ce que c'est une télé-réalité ? On t'aurait kidnappé ? Personne ne payera la rançon ! La raison la plus plausible égale,
un rêve. Mais bien sûr !
C'est un rêve ! Te voilà rassurée ! Bon, peut-être qu'il serait temps de vraiment écouter ce qu'il raconte maintenant.